Le trafic de drogue aux États-Unis génère des gains annuels de 63 milliards de dollars, a affirmé mercredi le ministre mexicain de la Sécurité publique.

Le kilo de cocaïne se vend près de 50 fois plus cher aux États-Unis et en Europe qu'en Colombie ou au Mexique, a souligné le ministre, Genaro García Luna, lors d'un forum international sur l'insécurité à Ciudad Juarez, la ville la plus meurtrière du Mexique.

«Le coût d'un kilo de cocaïne dans un pays comme la Colombie ou le Mexique est de 2198 dollars, mais dans des villes de l'intérieur des États-Unis ou en Europe il s'achète jusqu'à 97400 dollars», a-t-il déclaré.

«Sans marché, il n'y aurait ni trafic de drogue ni violence, mais s'il y a de la demande, il y aura de l'offre», a-t-il ajouté, dans une allusion directe aux États-Unis, premier client mondial des «845 tonnes de cocaïne produites par an», en provenance exclusive d'Amérique latine.

Au Mexique, la guerre entre cartels pour le contrôle du trafic et de la fourniture du marché américain a fait plus de 10000 morts depuis le 1er janvier 2008, malgré le déploiement de plus de 36000 militaires et policiers dans l'ensemble du pays.

À Ciudad Juarez, où ces affrontements entre cartels sont les plus meurtriers, 1161 personnes ont été tuées au cours des sept premiers mois de l'année, selon un décompte de l'AFP basé sur les rapports de police, en dépit du déploiement de 8500 militaires. On avait compté 1650 morts l'an dernier dans cette ville de 1,4 million d'habitants, qu'une association civile mexicaine présente comme la plus dangereuse du monde, devant Caracas, la capitale du Venezuela.

L'offre en cocaïne a tendance à se réduire en Amérique du Nord, mais la consommation des drogues synthétiques, dont les cartels mexicains sont également fournisseurs, y augmente en parallèle, selon M. Garcia Luna.

Ce changement touche aussi le Mexique, 107 millions d'habitants, où la consommation de drogue augmente fortement, alors que le pays, depuis des dizaines d'années, était essentiellement un couloir de passage vers les États-Unis, a-t-il encore remarqué.

Cette consommation locale concernait «0,3% du total de la population en 1988, 0,4% en 2002, et 0,8% en 2008», a-t-il précisé.