Les États-Unis, qui réexaminent leur stratégie en Afghanistan, pourraient décider d'envoyer jusqu'à 40 000 soldats supplémentaires, a indiqué le sénateur républicain John McCain dimanche, alors que le plus haut gradé américain sur le terrain juge que l'insurrection continue de s'étendre.

«Je crois que c'est l'un des secrets les moins bien gardés à Washington: c'est 30 000 à 40 000 soldats», a déclaré dimanche, sur la chaîne de télévision ABC, M. McCain, l'adversaire républicain de Barack Obama à la présidentielle de 2008, en réponse à une question sur le volume des renforts requis par le commandant en chef des troupes américaines et alliées en Afghanistan, le général Stanley McChrystal.

Ce dernier avait prévenu que la mission américaine en Afghanistan était vouée à l'échec si la situation n'était pas inversée dans les douze mois par une augmentation des troupes.

M. McCain, a dit avoir discuté samedi du conflit afghan avec M. Obama ajoutant avoir «bon espoir que le président prendra la bonne décision, c'est-à-dire qu'il engagera les renforts nécessaires».

Près de 65 000 soldats américains sont déjà en Afghanistan. Ils devraient être 68 000 avant la fin de l'année, chiffre qui comprend les 21 000 hommes supplémentaires déjà accordés par le président Obama début 2009.

Par ailleurs, le général McChrystal s'en est pris au Pentagone dont il a déploré la lenteur à répondre à ses demandes.

«Cela handicape beaucoup», a-t-il dit dimanche dans une interview à la chaîne de télévision CBS.

Le secrétaire à la Défense Robert Gates n'a confirmé aucune estimation sur le volume des renforts. Il a indiqué dimanche dans des entretiens aux chaînes de télévision ABC et CNN qu'il s'attendait à ce que la Maison Blanche prenne encore «quelques semaines» pour examiner sa stratégie afghane.

La requête du général McChrystal pour plus de troupes sera soumise au président Obama une fois que ce réexamen sera terminé, a précisé M. Gates tout en niant des désaccords entre la Maison Blanche et les militaires sur l'approche en Afghanistan.

«Naturellement, le général (McChrystal) ne souhaite pas que ce processus s'éternise», a ajouté M. Gates sans mentionner de date butoir.

Le président Obama a mis en garde vendredi contre toute «solution miracle» en Afghanistan face à l'accroissement de l'insurrection dans le sud et l'est.

Si M. Obama approuve une augmentation des troupes, «les premiers renforts ne pourraient pas arriver avant janvier», selon M. Gates.

La question d'accroître l'engagement militaire américain en Afghanistan fait l'objet d'un vif débat parmi les principaux conseillers de M. Obama, rapporte dimanche le New York Times.

Le vice-président Joe Biden et d'autres proches du président, y compris Rahm Emanuel, secrétaire général de la Maison Blanche et le général James Jones, conseiller à la sécurité nationale, se sont dits très sceptiques quant au bien-fondé d'un envoi supplémentaire de soldats en Afghanistan, selon le quotidien.

En revanche, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et Richard Holbrooke, émissaire spécial américain pour l'Afghanistan et le Pakistan, défendent avec force plus de renforts, croit savoir le New York Times.

Au Sénat, le démocrate John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères et proche de M. Obama, a dit craindre une répétition de l'erreur faite au Vietnam où il a combattu.

Parmi les personnes hors de l'administration et du Congrès les plus écoutées de M. Obama, le républicain Colin Powell, ancien secrétaire d'Etat de George W. Bush, est également réservé quant à l'envoi de renforts en Afghanistan, selon le New York Times.