Une grande majorité des Américains sont prêts à voir certains de leurs compatriotes mourir pour parvenir à débarrasser l'Afghanistan du terrorisme, mais ils restent sceptiques sur l'envoi de renforts, selon un sondage publié mercredi.

Selon cette enquête réalisée par l'université Quinnipiac (Connecticut, nord-est), 65% des Américains «sont prêts à ce que des soldats américains «combattent et peut être meurent» pour éliminer la menace que représentent des terroristes opérant depuis l'Afghanistan». Seuls 28% y sont opposés.

Mais 49% des personnes interrogées estiment que les États-Unis ne parviendront pas à écraser l'insurrection des talibans, contre 38% qui prédisent un succès de la mission menée par les Américains.

Ces résultats sont publiés alors que l'opinion publique et la classe politique sont de plus en plus divisées sur ce conflit en cours depuis huit ans, alors que le nombre de victimes américaines s'accroît et que le résultat des élections afghanes est terni par des accusations de fraudes massives.

Alors que la plupart des Américains jugent que l'intervention en Afghanistan était une «bonne chose», 50% d'entre eux se disent inquiets que leur pays reste «trop longtemps» et 32% jugent que les États-Unis «se dirigent vers un nouveau Vietnam».

Seules 38% des personnes interrogées se prononcent en faveur de l'envoi de renforts, tandis que 28% réclament une réduction de la présence américaine dans le pays. Ils sont 21% à vouloir maintenir le niveau actuel du contingent de quelque 65.000 soldats.

Parmi les personnes interrogées, 28% jugent qu'un important contingent américain devrait rester moins d'un an dans le pays, 21% évoquent une présence d'un à deux ans, 14% une présence de deux à cinq ans et 30% estiment qu'il faut rester «aussi longtemps que nécessaire».

«Les Américains sont profondément divisés sur la guerre en Afghanistan. Les deux-tiers des sondés lient le conflit aux attentats du 11-Septembre et jugent les efforts actuels utiles pour éviter que de tels évènements se répètent», explique Peter Brown directeur adjoint de l'Institut de sondage de l'université Quinnipiac.

«Mais ils sont hostiles à un engagement militaire prolongé et il y a une nervosité évidente concernant les requêtes des militaires sur l'envoi de renforts en Afghanistan», a-t-il ajouté.

Le sondage est publié alors que le président américain Barack Obama doit se prononcer sur une nouvelle stratégie qui pourrait le conduire à envoyer jusqu'à 40 000 soldats supplémentaires dans le pays, à la demande du commandant en chef des forces américaines et internationales en Afghanistan, le général Stanley McChrystal.

Un fossé a émergé au sein même de l'administration Obama entre ceux qui soutiennent les demandes de renforts des militaires, et ceux dont le vice-président Joe Biden, qui souhaitent opter pour une approche ciblée de lutte anti-terroriste visant les militants d'Al-Qaeda.

Le président organise actuellement une série de rencontres de haut niveau sur la stratégie afghane et devrait prendre une décision dans les semaines qui viennent.

Mardi, il a tenu une réunion avec les plus hauts représentants du Congrès, mais ses amis démocrates et ses adversaires républicains dans les deux chambres sont apparus au terme de la rencontre au moins aussi divisés qu'avant celle-ci.

Le sondage a été mené auprès de 2.630 Américains inscrits sur les listes électorales du 29 septembre au 5 octobre. La marge d'erreur est de plus ou moins 1,9%.