«Une fois qu'un homme a été président, il devient un objet de curiosité comme ces deux autres personnalités notoires du Missouri, Mark Twain et Jesse James.»

L'auteur de cette boutade, Gerald Ford, a été le premier ex-président des États-Unis à monnayer à fond ce titre. Non content de vendre ses mémoires, comme plusieurs anciens locataires de la Maison-Blanche l'avaient fait avant lui, il a engrangé les dollars en multipliant les discours et en étant membre du conseil d'administration d'au moins une douzaine de sociétés.

 

Le 38e président des États-Unis a ainsi inspiré tous ses successeurs, dont George W. Bush, qui devrait toucher 140 000$ pour prononcer jeudi prochain son troisième discours au Canada depuis son départ de la Maison-Blanche. Par sa boutade, il a également expliqué pourquoi plusieurs personnes sont prêtes à dépenser des centaines de dollars pour entendre un ex-président disserter sur ses années au pouvoir et les défis internationaux.

Dans le cas de George W. Bush, cette curiosité tient sans doute en partie à la possibilité qu'il exprime une ou deux critiques à l'égard de Barack Obama, dont l'élection a été interprétée comme un désaveu cinglant de sa présidence, un verdict qu'a semblé vouloir réitérer le jury du prix Nobel de la paix la semaine dernière.

Jusqu'à présent, cependant, le 43e président a démontré qu'il savait être diplomate. Dès son premier discours de retraité, en mars dernier, il a annoncé ses couleurs en affirmant que son successeur avait «droit» à son silence.

«Il y a beaucoup de critiques dans l'arène», a déclaré Bush devant une foule de 2000 personnes à Calgary, qui avaient payé chacun 400$ pour venir l'écouter.

«Je pense qu'il est temps que l'ancien président termine son numéro de claquettes en quittant la scène et laisse le président actuel résoudre les problèmes du monde. S'il veut mon aide et que je suis d'accord avec lui, je la lui accorderai.»

L'ex-président a répété le même message fin mai à Brenton Harbor, dans l'État du Michigan, lors de son premier discours majeur en sol américain depuis son départ de la Maison-Blanche, le seul suivi d'une période de questions au cours de laquelle les membres de l'auditoire ont pu l'interroger directement. À Montréal, John Parisella, le prochain délégué général du Québec à New York, agira à titre de modérateur.

Bush a abordé presque tous les aspects de sa présidence, au Michigan, y compris les techniques d'interrogatoire «accrues» employées par les agents de la CIA pour faire parler les suspects de terrorisme.

«J'ai promis de prendre tous les moyens nécessaires pour vous protéger», a déclaré l'ancien président en insistant sur la légalité des techniques approuvées par son administration, dont la simulation de noyade, une forme de torture selon le ministre actuel de la Justice, Eric Holder.

Après sa visite à Montréal, George W. Bush aura donné la moitié des discours que lui a programmés le Washington Speaker's Bureau pour la première année de sa retraite. Entre ses «conversations» de Calgary et de Toronto, où il a partagé la scène avec un autre ancien président, Bill Clinton, il a prononcé en avril dernier une allocution au Forum asiatique de Bo'ao, en Chine. Il devrait également se rendre en Europe.

Comme à Calgary et à Toronto, George W. Bush n'attirera pas seulement des curieux à Montréal mais également des manifestants, qui devraient se masser à l'extérieur de l'hôtel Reine-Elizabeth, où il prendra la parole devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Les organisateurs de la manifestation invitent les protestataires à apporter leurs vieux souliers.