Le scientifique américain soupçonné de tentative d'espionnage pour Israël, Stewart Nozette, risque la peine de mort pour avoir voulu vendre pour 2 millions de dollars des informations classées top secret, a rappelé jeudi le gouvernement américain devant un tribunal.

La détention de M. Nozette, 52 ans, accusé d'avoir «tenté» de fournir des informations scientifiques et de défense à un agent de la police fédérale américaine (FBI) qui se faisait passer pour un agent israélien, a été prolongée jeudi par la juge fédérale Deborah Robinson, dans l'attente de son procès.

Le prévenu, qui est apparu devant le tribunal vêtu d'une tenue de prisonnier à grosses rayures noires et blanches, a plaidé non coupable des faits qui lui sont reprochés.

«La peine maximale encourue» par le scientifique, formellement inculpé le 21 octobre, «s'il est reconnu coupable, est la mort», a rappelé le gouvernement en demandant son maintien en détention provisoire. Il n'a en revanche pas précisé s'il entendait requérir la peine capitale.

L'Etat fédéral prévoit cette possibilité dans les affaires d'espionnage mais n'y est pas obligé.

«Il est difficile de croire qu'il ne fuirait pas à la première occasion», a estimé Anthony Asuncion, l'avocat du gouvernement. «Le poids des preuves contre le prévenu est considérable», a ajouté Heather Schmidt, également avocate du gouvernement.

M. Nozette est accusé d'avoir «essayé de communiquer les secrets de la nation parmi les mieux gardés et les plus sensibles», expliquait le gouvernement dans son argumentaire écrit, jugeant qu'il présentait «un grave risque de fuite et, comme il a des informations secrètes +en tête+, un grave risque pour la sécurité nationale».

Le gouvernement a diffusé au tribunal des extraits filmés d'une conversation avec l'agent du FBI sous couverture datant du 19 octobre où M. Nozette, en riant, envisage différents plans pour quitter les Etats-Unis s'il venait à être soupçonné d'espionnage au profit d'Israël.

Le gouvernement a en outre révélé jeudi que l'homme avait demandé «en gros deux millions de dollars en échange de ses activités d'espionnage».

De son côté, l'avocat du scientifique, John Kiyonaga, a assuré au tribunal que son client «ne représente pas un risque démesuré de fuite». Il a rappelé que condamné début 2009 pour une fraude au fisc à rembourser à l'Etat plus de 260.000 dollars, il ne disposait plus librement de son passeport.

Il a également argumenté devant une juge impassible qu'il s'agissait d'une «tentative» d'espionnage et que c'était «pour Israël, pas pour la Chine, la Corée du Nord ou même la Russie».

M. Nozette, qui n'a pas pris la parole pendant l'audience, se contentant d'observer longuement la salle d'audience, n'a pas paru surpris de la décision de la juge de le maintenir en détention.