Les Etats-Unis sont «déçus» par la condamnation en Italie de 23 anciens agents de la CIA pour l'enlèvement en 2003 d'un imam égyptien, a indiqué mercredi le département d'Etat.

«Nous sommes déçus par les verdicts contre les Américains et les Italiens accusés à Milan», a déclaré aux journalistes le porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly.

Un tribunal de Milan a condamné mercredi 23 ex-agents de la CIA et deux Italiens pour l'enlèvement en 2003 d'un imam égyptien dans la ville, mais a abandonné les poursuites contre l'ex-chef de la CIA à Rome et les anciens numéros un et deux du renseignement militaire italien.

Au total, 26 Américains étaient jugés par contumace et sept Italiens pour le rapt en pleine rue à Milan en février 2003 de l'imam Abou Omar.

Les Américains condamnés sont l'ex-responsable de la CIA à Milan, Robert Seldon Lady, qui s'est vu infliger huit ans de prison, et 22 autres ex-agents qui devront purger en principe cinq ans de réclusion. Deux ex-agents italiens ont été condamnés à trois ans de prison.

La CIA n'a pas souhaité commenter.

De son côté, le Pentagone s'est dit «déçu» mercredi par la condamnation en Italie d'un officier américain qui figurait parmi les accusés.

«La justice italienne n'a pas autorité sur le lieutenant-colonel Romano» et devrait immédiatement abandonner les poursuites contre lui», a déclaré le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, en invoquant un accord entre Washington et Rome sur les forces américaines basées en Italie.

Dans un communiqué, la puissante organisation américaine de défense des libertés civiles, l'ACLU, a estimé «honteux que les premières condamnations de ce type soient rendues à l'étranger, où les condamnés pourraient ne pas faire leur temps en prison».

Le verdict de mercredi «souligne le besoin pour les Etats-Unis de tenir ses propres dirigeants responsables pour les crimes commis en vertu du programme exceptionnel de transfèrements» de suspects de terrorisme dans des pays étrangers connus pour pratiquer la torture, a ajouté Steven Watt, avocat à l'ACLU.

Ce programme a été systématisé par l'administration Bush après les attentats du 11-Septembre et interdit par Barack Obama à son arrivée à la Maison Blanche.

Abou Omar avait été enlevé dans une rue de Milan le 17 février 2003 au cours d'une opération coordonnée entre le renseignement militaire italien (Sismi) et la CIA. Ses avocats affirment qu'il a été torturé dans la prison de haute sécurité où il était détenu en Egypte et ont réclamé 10 millions d'euros de dommages et intérêts.

Ce procès était hautement symbolique car il s'agissait du premier en Europe sur les transfèrements secrets par la CIA de personnes soupçonnées de terrorisme.

Une condamnée s'estime lâchée

L'une des 23 anciens agents de la CIA condamnés mercredi en Italie pour l'enlèvement en 2003 d'un imam égyptien a reconnu dans une interview à la chaîne américaine ABC qu'elle avait «enfreint la loi» mais s'est plainte d'avoir été lâchée par ses supérieurs.

Sabrina DeSousa, condamnée par contumace à 5 ans de prison, a affirmé que, bien qu'illégale, l'opération avait été «approuvée à Washington» et a estimé qu'elle avait été «abandonnée» par ses supérieurs.

Sabrina DeSousa n'a pas confirmé son rôle au sein de la CIA, mais a affirmé sur ABC que son statut diplomatique aurait dû la protéger d'un procès.