La majorité du président américain Barack Obama aussi bien que l'opposition se sont empressées de tirer les enseignements des consultations locales de mardi en vue des élections à mi-mandat de 2010, pour lesquelles elle ont déjà commencé à se mettre en ordre de bataille.

Désaveu des politiques de M. Obama ou pas, les scrutins de mardi, les premiers significatifs depuis la victoire historique de M. Obama en 2008, ont confirmé que l'an prochain, quand les Américains décideront de reconduire ou non la majorité démocrate dans les deux chambres du Congrès, l'état de l'économie sera au coeur du débat et les électeurs indépendants au centre des sollicitations.

La Maison Blanche a contesté que l'action de M. Obama soit pour quoi que ce soit dans la défaite marquante de deux candidats démocrates dans les Etats de Virginie et du New Jersey (est).

Mais elle a été prompte à reconnaître le danger: si M. Obama avait rallié la majorité des indépendants dans les deux Etats à la présidentielle, ces derniers ont préféré cette fois le prétendant républicain quand ils ont choisi leur gouverneur. Les Noirs, jeunes et premiers votants qui s'étaient mobilisés en faveur d'Obama ne l'ont pas fait pour les représentants de son parti mardi.

En 2010, il faudra «motiver les électeurs indépendants qui ont voté pour nous la fois précédente mais qui sont restés chez eux cette fois», a dit le stratège de M. Obama, David Axelrod à la chaîne Fox News.

«Il y a eu une perte énorme (...) Nous devons nous adresser à nos électeurs et c'est bien ce que nous allons faire», a-t-il dit.

Le dirigeant démocrate Tim Kaine avouait sur la chaîne CNN qu'il allait falloir «se gratter un peu la tête» pour savoir pourquoi, alors que M. Obama restait apprécié dans les deux Etats, cela n'avait pas joué en faveur des démocrates.

Eric Cantor, un éminent républicain de Virginie, ne se posait pas tant de questions: les succès de mardi «montrent que, quand les républicains restent unis, nous pouvons gagner (...) Et nous sommes capables de séduire les électeurs indépendants», disait-il à Fox News.

M. Cantor et les républicains ont signifié qu'ils comptaient s'inspirer des campagnes victorieuses du New Jersey et de Virginie pour opposer à leurs adversaires démocrates la persistance du chômage prévue en 2010 et les déficits records, parler de réduction d'impôts et de préoccupations locales, et porter haut leurs valeurs économiques traditionnelles.

Les démocrates se réclameront précisément de leur action au côté de M. Obama, a répondu Tim Kaine, citant en exemple la réforme de la santé, un projet sur lequel présidents et majorités se cassent les dents depuis longtemps.

Cependant, pour que des réformes aussi difficiles passent, encore faut-il que certains alliés de M. Obama, inquiets de leur réélection, ne prennent pas peur au moment de voter. M. Obama jouera un «rôle actif» dans la campagne, dit son porte-parole Robert Gibbs. Mais l'autorité présidentielle en 2010 est sujette à bien des aléas, intérieurs, mais aussi internationaux, comme la guerre en Afghanistan.

Les républicains veulent croire à leur «renaissance» après des années de déconvenues. Mais reste à savoir si, en 2010, les Américains auront oublié qu'ils tenaient ces mêmes républicains pour responsables de leur pire crise économique depuis des décennies.

Et leur défaite à l'élection parlementaire partielle dans une circonscription de New York a montré qu'ils pouvaient payer cher les luttes intestines entre les plus intransigeants d'entre eux et les modérés.

Le chef exécutif du parti, Michael Steele, a juré qu'on ne les y reprendrait plus.