Les démocrates et un républicain américains ont offert une courte majorité à la réforme du système de santé du président Obama à la Chambre des représentants samedi soir, mais le texte doit encore franchir l'obstacle du Sénat.

Au terme d'une journée-marathon samedi, 215 représentants se sont prononcés contre le texte, et 220 ont dit «oui» à l'ambitieux projet politique de Barack Obama.

Un seul républicain a donné sa voix à la majorité, Anh «Joseph» Cao, un représentant de Louisiane (sud) qui s'est justifié dimanche sur la chaîne de télévision CNN en invoquant «le grand nombre de personnes de (sa) circonscription dépourvues de toute couverture maladie».

Mais pour que le président américain puisse signer, et donc promulguer la loi, une version identique du texte doit d'abord être adoptée au Sénat.

Peu après le vote samedi soir, M. Obama s'est déclaré «absolument confiant» sur l'issue d'un prochain scrutin au Sénat et a dit espérer promulguer la loi «d'ici la fin de l'année».

Mais l'horizon n'est pas aussi dégagé que le souhaiterait M. Obama.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat Harry Reid, s'est plaint récemment des clivages internes qui divisent les élus de son parti et qui risquent fort de repousser à 2010 l'adoption de la réforme.

«Nous ne pouvons nous permettre d'être pieds et poings liés par une date-butoir. Nous devons oeuvrer au bien du peuple américain», a prévenu M. Reid.

Or, un vote en 2010, année des élections parlementaires de mi-mandat, pourrait encore compliquer la donne. Un tiers du Sénat et la totalité des sièges de la Chambre des représentants doivent être renouvelés. Parmi les sièges à renouveler au Sénat se trouve celui de M. Reid, talonné de près dans les sondages par un adversaire républicain.

En général, le Sénat adopte sa propre version, qui bien souvent diverge de celle votée par la chambre basse.

Une fois le texte approuvé au Sénat, les parlementaires des chambres se réunissent en conférence pour se mettre d'accord sur un texte de compromis. Et c'est seulement là qu'intervient le vote final des sénateurs et représentants sur un texte amplement remanié.

Pour réussir à faire adopter le texte en toute sérénité, les démocrates ont besoin des voix de 60 des 100 sénateurs américains. Sur le papier, 58 sièges sont occupés par des démocrates, et deux par des indépendants qui votent généralement avec la majorité.

Problème: un certain nombre de démocrates modérés rechignent à voter «oui», et l'un des deux indépendants, Joe Lieberman, a déjà fait part de son opposition au texte en l'état.

En outre, au Sénat comme à la Chambre, les chefs démocrates se heurteront à l'opposition républicaine qui dénonce un plan d'un coût de 1.000 milliards de dollars, qui selon eux, ne fera pas baisser les coûts de la santé.

«Ce n'est pas la réforme que les Américains réclamaient», a déclaré jeudi Mitch McConnell, le chef de la minorité républicaine du Sénat qui appelle les démocrates à revoir leur copie.

Selon ses promoteurs, le projet de loi voté à la Chambre permettrait à 36 millions d'Américains qui n'en ont pas de s'offrir une couverture santé. Au total, 96% d'Américains seraient couverts dans le cadre du plan démocrate, qui cherche à faire baisser les coûts de la santé.

Par ailleurs, le plan prévoit la création d'un système d'assurance maladie géré par le gouvernement qui doit être mis en concurrence avec les compagnies privées.

Obama exhorte le Sénat à adopter la réforme

Le président Barack Obama a exhorté dimanche lors d'une courte allocution le Sénat américain à approuver à son tour la réforme du système de santé, adoptée samedi soir par la Chambre des représentants.

Grâce à l'adoption du texte samedi, les Etats-Unis sont désormais «plus proches que jamais de la plus vaste réforme de l'assurance maladie» que le pays ait jamais connue, a dit le président américain.

Il a félicité «un vote courageux de la part de nombreux membres du Congrès».

«Il incombe désormais au Sénat de transformer l'essai au nom du peuple américain. Je suis certain que c'est ce qu'ils (les sénateurs) vont faire»,a ajouté M. Obama lors de cette allocution retransmise depuis les jardins de la Maison Blanche.