Les agences américaines de renseignement n'avaient pas informé les responsables de l'armée des courriels adressés à un imam extrémiste par le psychiatre militaire accusé de la tuerie de Fort Hood (Texas), a indiqué mercredi un responsable du Pentagone.

Le ministère de la Défense n'a rien su des courriels interceptés, malgré la présence d'un analyste du Pentagone au sein de l'unité de lutte antiterroriste chargée d'enquêter sur Nidal Hasan, psychiatre dans l'armée, qui a ouvert le feu le 5 novembre sur la base militaire, tuant 13 personnes et en blessant 42, a déclaré à l'AFP ce responsable sous couvert d'anonymat.

«Aucune organisation de l'armée ou du ministère de la Défense n'avait connaissance des courriels adressés par Hasan à cet extrémiste avant la fusillade tragique de Fort Hood», a-t-il dit. «Nous n'en avons eu connaissance par des enquêteurs fédéraux qu'après la fusillade».

Depuis la tragédie, le rôle des différentes autorités de défense, de renseignement et de police dans la surveillance du commandant Hasan est examiné à la loupe.

Il est courant pour les membres d'une équipe comportant des membres de plusieurs agences ou ministères d'en référer à l'autorité sous laquelle elle est placée --en l'occurrence le FBI, la police fédérale-- plutôt qu'à leur autorité de tutelle, a expliqué la même source pour expliquer le fait que le Pentagone n'ait rien su des courriels malgré la participation d'un de ses analystes à l'enquête.

Les autorités américaines ont révélé que Nidal Hasan était en contact l'an dernier avec un imam islamiste vivant au Yémen et soupçonné de liens avec Al-Qaïda, mais le FBI avait conclu que les courriels qu'il lui adressait correspondaient à ses travaux de recherche et qu'il n'était pas lié à d'éventuels complots terroristes.

L'analyste du Pentagone était chargé d'éplucher les écrits du psychiatre et d'autres documents, selon le Washington Post, qui indique que l'enquête à son sujet a été close en avril.

La radio publique américaine NPR rapportait par ailleurs mercredi que des médecins militaires américains ont évoqué à plusieurs reprises la possibilité que M. Hasan soit instable et «psychotique».

Selon NPR, qui cite des responsables s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, plusieurs réunions ont eu lieu entre le printemps 2008 et le printemps dernier à propos du comportement et du travail de Nidal Hasan.

«Tout le monde se disait que si vous étiez déployés en Irak ou en Afghanistan, vous n'auriez pas envie d'avoir Nidal Hasan dans le même refuge que vous», a dit un responsable cité par la radio.

Un responsable se serait également inquiété du fait que M. Hasan puisse divulguer des informations secrètes à des extrémistes islamistes s'il était envoyé en Iran ou en Afghanistan. Un autre s'est également inquiété «fortement» de la possibilité qu'il soit capable de tuer d'autres soldats américains.

Ces responsables n'étaient pas non plus au courant des courriers électroniques interceptés par le renseignement américain.

Selon NPR, ces responsables avaient envisagé d'entamer une procédure pour que M. Hasan soit mis à l'écart, avant d'y renoncer, faute de preuve suffisante et par crainte d'être accusés de discrimination à l'encontre d'un musulman.

Ils s'inquiétaient également de la lourdeur d'une telle procédure quand il s'agit d'un membre du corps médical.