Au moment où l'image des États-Unis est écornée en Asie, Barack Obama s'envole aujourd'hui pour le Japon, point de départ de sa première tournée présidentielle dans la région. Il tentera de mettre à profit sa popularité personnelle pour relancer les alliances de son pays avec ses plus importants partenaires et concurrents asiatiques, dont une Chine en pleine expansion.

Deux rendez-vous attireront l'attention de façon particulière. Le premier aura lieu samedi, à Tokyo. Le président y prononcera l'unique grand discours de son voyage, qui durera une semaine et le mènera également en Corée du Sud et à Singapour, hôte du forum économique d'Asie-Pacifique.

 

«Le discours de Tokyo fournira au président Obama l'occasion de vraiment faire comprendre aux dirigeants et au public asiatiques que l'engagement des États-Unis envers la région est ferme, tout comme est profonde leur compréhension de la dynamique et des enjeux régionaux», dit Evan Feigenbaum, ancien responsable du département d'État et spécialiste de l'Asie.

«Je m'attends à ce qu'il prononce un excellent discours», ajoute-t-il.

Mais l'étape cruciale de cette tournée se déroulera probablement du 15 au 18 novembre en Chine, qui est aujourd'hui non seulement le deuxième partenaire économique des États-Unis, mais aussi leur premier créancier. Barack Obama y traitera d'une multitude de dossiers, de l'économie mondiale à l'Afghanistan, en passant par la conférence de Copenhague sur le climat et les programmes nucléaires iranien et nord-coréen.

Selon Evan Feigenbaum, il ne faut cependant pas s'attendre à de grandes annonces à l'issue de la rencontre du président Obama avec son homologue chinois, Hu Jintao.

«La bonne nouvelle est que les États-Unis et la Chine parlent vraiment des enjeux fondamentaux du nouvel ordre mondial», dit Evan Feigenbaum. «Mais la mauvaise nouvelle est que nous ne nous entendons pas toujours sur la façon d'aller du point A au point B, et encore moins du point C au point D.»

Barack Obama entreprend cette tournée au moment où les États-Unis font figure de géant blessé en Asie en raison de leurs déficits abyssaux et de leur économie, qui se relève avec peine de la pire récession depuis les années 30. Le président s'efforcera de rappeler aux Asiatiques qu'il faut toujours compter sur son pays.

Son message devrait être accueilli avec bienveillance en Chine, au Japon et en Corée du Sud, où Barack Obama jouit d'un taux de popularité élevé. À Shanghai, le président américain doit notamment rencontrer de jeunes Chinois, qui pourront échanger avec lui comme l'avaient fait les jeunes Franco-Allemands ou les jeunes Turcs lors de ses voyages précédents.

Mais le charisme de Barack Obama a des limites. Le président américain devra notamment faire face à la forte opposition de l'opinion japonaise à l'égard du déplacement d'une base militaire américaine dans l'île d'Okinawa, une question qui pourrait dominer la première rencontre entre le chef de la Maison-Blanche et le nouveau premier ministre japonais, Yukio Hatoyama.

«L'alliance militaire des États-Unis avec le Japon et la Corée du Sud demeure populaire auprès des publics de ces pays, peut-être plus qu'il y a une décennie ou plus», dit Sheila Smith, spécialiste du Japon au Council on Foreign Relations. «Mais les États-Unis doivent s'adapter aux critiques des citoyens sur la façon dont cette alliance se vit sur le terrain.»

À Singapour, où il se trouvera samedi et dimanche, Barack Obama participera non seulement à son premier Forum de coopération Asie-Pacifique, mais également à une rencontre avec les chefs de gouvernement des 10 membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, dont le premier ministre de la Birmanie, Thein Sein.

Barack Obama ne devrait pas avoir de tête-à-tête avec le premier ministre Sein, même s'il a changé la stratégie des États-Unis vis-à-vis de la Birmanie et préconise maintenant la politique de la main tendue au lieu de l'isolement.