L'administration Obama a soulevé une tempête politique hier en annonçant sa décision de renvoyer le cerveau autoproclamé des attentats du 11 septembre 2001, Khaled Cheikh Mohammed, et quatre autres détenus de Guantánamo devant un tribunal fédéral de New York situé à quelques rues seulement de Ground Zero.

Pour controversée qu'elle soit, cette décision constitue une étape importante vers la réalisation d'un des engagements les plus importants de Barack Obama : la fermeture de la prison de Guantánamo. Le choix met fin en outre au processus judiciaire entamé contre les cinq suspects de terrorisme par les tribunaux militaires du centre de détention.

«Je suis absolument convaincu que Khaled Cheikh Mohammed sera soumis aux demandes les plus exigeantes de la justice. Le peuple américain insistera sur ce point, mon administration insistera sur ce point», a déclaré le président américain lors d'une conférence de presse à Tokyo, où il a entamé une tournée de neuf jours en Asie.

Les critiques n'ont cependant pas tardé à fuser. Des élus républicains ont utilisé les mots «insensé», «irresponsable» ou «inconcevable» pour qualifier le choix de juger Mohammed et ses complices présumés devant un tribunal de droit commun à New York. Dans le concert des critiques, le représentant républicain de New York, Peter King, a peut-être tenu les propos les plus véhéments, se disant «indigné» par la décision annoncée en fin d'après-midi par le ministre de la Justice, Eric Holder.

«Cette décision n'est pas seulement erronée, mais extrêmement dangereuse. Traduire en justice ces cinq terroristes à quelques pâtés de maisons seulement du site du World Trade Center, où, suivant le plan de Khaled Cheikh Mohammed, des milliers de personnes ont été brutalement assassinées, expose notre nation - et la ville de New York - à un plus grand danger», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Une organisation de familles de victimes des attentats a pour sa part exprimé sa crainte que Mohammed soit mis en liberté pour un vice de procédure quelconque. Dans le cadre d'un procès civil, les avocats de Mohammed pourront notamment soulever la question des techniques d'interrogatoire employées par la CIA pour faire parler leur client, dont la simulation de noyade, une forme de torture selon le ministre de la Justice américain.

Les groupes de défense des droits de l'homme ont salué la décision de l'administration Obama, alors que plusieurs élus démocrates l'ont défendue. Le sénateur démocrate de New York, Chuck Schumer, a notamment rappelé que plusieurs suspects de terrorisme avaient déjà été condamnés par la justice civile à New York.

Khaled Cheikh Mohammed et ses quatre complices présumés - Ramzi ben al-Shaiba, Ali Abd al-Aziz Ali, Wallid ben Attash et Mustapha al-Hawsawi - risquent la peine de mort. Leur départ de Guantánamo et leur arrivée dans une prison fédérale en sol américain ne pourront intervenir avant au moins 45 jours, délai imposé par le Congrès pour un tel transfèrement.

À son deuxième jour à la Maison-Blanche, Barack Obama avait promis de fermer la prison de Guantánamo d'ici à janvier 2010. Tout indique qu'il ne parviendra pas à respecter cette date butoir.