La recette aura servi à Barack Obama. Après avoir fait paraître un livre, un politicien ambitieux profite de sa tournée de promotion pour tâter le terrain en vue d'une campagne présidentielle. S'il n'est pas certain de vouloir briguer la Maison-Blanche, il est confiant, en revanche, d'obtenir un succès commercial.

Dans le cas de Sarah Palin, une chose au moins est sûre: ses mémoires, qui sortiront demain, feront un tabac. Les admirateurs de l'ancienne candidate à la vice-présidence ont d'ailleurs déjà propulsé son livre au sommet de la liste des meilleurs vendeurs du site Amazon devant les nouveaux romans de Stephen King et Dan Brown, en raison des commandes, ce qui est un phénomène en soi.

 

Et sa publicité sera massive. Après Oprah Winfrey, qui consacrera son émission d'aujourd'hui à l'ex-gouverneure de l'Alaska, Barbara Walters enchaînera, à partir de demain, avec une entrevue qui sera diffusée en cinq tranches sur ABC. Et les animateurs conservateurs de radio ou de télévision les plus populaires, les Rush Limbaugh, Sean Hannity et Glenn Beck, entre autres, auront tous l'occasion d'interviewer l'auteure de Going Rogue: An American Life (Virer rebelle, une vie américaine).

À cette importante campagne médiatique s'ajoutera une tournée qui commencera mercredi au Michigan et qui mènera Sarah Palin dans plusieurs autres États-clés sur le plan politique, dont l'Iowa, l'Ohio, la Floride et la Virginie. L'ex-colistière de John McCain évitera les grandes villes comme New York, Chicago ou Los Angeles, prévoyant plutôt s'arrêter dans les petits patelins où elle a électrisé les foules républicaines l'an dernier avec un discours résolument populiste.

Il reste à savoir si Sarah Palin nourrit vraiment des ambitions présidentielles et si le contenu de son livre contribuera à la réhabilitation de son image auprès de l'ensemble du public. Selon un sondage récent réalisé pour le compte de CNN, sept Américains sur dix estiment qu'elle n'est pas qualifiée pour la présidence des États-Unis.

Écrit avec l'aide de la journaliste et auteure Lynn Vincent, Going Rogue raconte la vie de Sarah Palin depuis sa naissance dans l'Idaho jusqu'à sa démission de son poste de gouverneure de l'Alaska, en passant par son émergence aussi inattendue que spectaculaire sur la scène politique nationale à la faveur de la campagne présidentielle de 2008. S'il faut se fier aux extraits publiés ces jours-ci dans la presse américaine, l'auteure profite de cet ouvrage de 413 pages pour régler ses comptes avec les membres de l'équipe électorale de John McCain.

Palin reproche notamment à la responsable des communications de la campagne, Nicole Wallace, d'avoir donné le feu vert à son entretien désastreux avec la chef d'antenne de CBS, Katie Couric, au cours duquel la candidate avait démontré une piètre connaissance des dossiers d'intérêt national. Selon Palin, Wallace avait promis à Couric que cette interview allait «donner un nouvel élan à sa carrière».

«Je me demandais ce que cela avait à voir avec la campagne de John McCain», écrit Palin, tout en accusant CBS d'avoir choisi les pires extraits de son entrevue avec Couric afin de la faire mal paraître.

Le titre du livre de Sarah Palin, Virer rebelle, fait référence à une expression utilisée par un membre de l'entourage de McCain à propos de la candidate, après qu'elle eut tenté d'échapper au contrôle exercé par la campagne sur ses relations avec les médias.

«La stratégie de l'état-major était que je ne devais pas aller à l'arrière de l'avion pour parler à la presse», écrit-elle, critiquant également le stratège principal de McCain, Steven Schmidt.

«C'est de la fiction», a déclaré Schmidt au site internet Politico en faisant allusion aux nombreuses scènes où il joue le rôle de vilain dans le livre de Palin.

Un autre membre de l'entourage de McCain a qualifié de «mesquins et pathétiques» les reproches de Palin.

«Le problème n'était pas avec qui elle a fait l'interview», a déclaré John Weaver en parlant de l'entrevue de Palin avec Couric. «Le problème était l'interview elle-même.»

Fait remarquable, Sarah Palin ne mentionne pas une seule fois dans son livre le nom de Levi Johnston, le père de son petit-fils. Celui-ci a affirmé récemment posséder des informations qui pourraient ternir la réputation de l'ex-gouverneure de l'Alaska. Dans un des extraits de son entrevue avec Oprah Winfrey, Sarah Palin semble être prête à tout pardonner à son ex-gendre, qui vient de poser pour le magazine Playgirl.

«Johnston doit savoir qu'il est aimé et qu'il a le plus beau des enfants», a-t-elle déclaré.