Le président américain Barack Obama a critiqué mercredi l'annonce de nouvelles constructions israéliennes à Jérusalem-est annexée, avec une vivacité inhabituelle qui trahit la frustration américaine devant l'impasse du processus de paix et de ses propres efforts.

«Je crois que la construction de logements supplémentaires dans les colonies ne contribue pas à la sécurité d'Israël. Cela complique leurs efforts pour faire la paix avec leurs voisins» palestiniens, a dit M. Obama à la chaîne Fox News.

«Je crois que cela rend les Palestiniens amers, de telle manière que cela peut finir par être très dangereux», a-t-il ajouté.

Le ministère israélien de l'Intérieur a autorisé mardi la construction de 900 logements dans le quartier de Gilo à Jérusalem-est.

La diplomatie américaine avait tenté de dissuader les Israéliens, lors d'une réunion la veille à Londres autour de l'émissaire américain George Mitchell.

L'initiative d'Israël confirme le blocage complet du processus de paix, au lendemain de l'annonce par les Palestiniens qu'ils demanderont unilatéralement la reconnaissance de leur indépendance dans les frontières de 1967.

Barack Obama avait placé, dès son investiture, la résolution de ce conflit au sommet de ses priorités diplomatiques. Dix mois plus tard, il n'a pas enregistré le moindre progrès.

«Il a récolté trois non dans sa première année de mandat», résume Aaron David Miller, du centre Wilson: «Non d'Israël sur les colonies, non des Arabes sur la normalisation partielle (de leurs relations avec Israël), et non des Palestiniens sur un retour à la table des négociations».

Pire: l'administration a été accusée d'aggraver les tensions sur le sujet particulièrement épineux des colonies.

Les Etats-Unis avaient réclamé au printemps un gel complet des nouvelles implantations. Or le 31 octobre à Jérusalem, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a fait machine arrière et conseillé aux Palestiniens d'accepter l'offre «sans précédent» d'un gel partiel comme point de départ d'une reprise du dialogue.

Mme Clinton, devant le tollé, a ensuite assuré que si Israël avait progressé sur la question des colonies, sa position restait «bien loin» de la demande des Etats-Unis.

«Après les malentendus suscités par les propos de Mme Clinton, l'administration veut que sa position (sur les colonies) soit clairement connue», juge Shibley Telhami, de l'université du Maryland, invité à commenter le durcissement de ton de M. Obama.

Le président a lancé mercredi à Israël «un message fort», estime pour sa part Haim Malka, du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) basé à Washington.

Mais il est trop tôt pour savoir, poursuit-il, si ce ton nouveau va aider à relancer des négociations entre les deux parties, ou s'il va «renforcer les doutes des Israéliens» sur l'opportunité de reprendre le dialogue.

Jusqu'où peut aller la pression de Washington? M. Obama a souligné dès mercredi que les Etats-Unis ne marchanderaient pas leur soutien à Israël.

«Je l'ai répété à maintes reprises et je le répèterai encore, la sécurité d'Israël est un intérêt national crucial pour les Etats-Unis et nous nous assurerons qu'ils sont en sécurité», a-t-il dit.

Pour Amjad Atallah, de la New America Foundation, «le problème est qu'il n'y pas eu, jusqu'à présent, de conséquence politique à l'attitude de défiance continuelle des Israéliens envers les positions et les intérêts américains».