Barack Obama dira dans quelques jours s'il prend le plus grand risque de sa présidence à ce jour et s'il envoie ou non en Afghanistan des dizaines de milliers de soldats américains en plus pour, selon son expression, «finir le boulot».

M. Obama a indiqué mardi lors d'une apparition devant la presse qu'il ferait connaître «sous peu» la décision stratégique la plus importante de sa présidence à ce jour, après avoir achevé la veille trois mois de consultations intensives sur le sujet. Ce neuvième conseil de guerre avec ses principaux généraux, ministres, diplomates et conseillers concernés, lui a permis d'obtenir les informations nécessaires et il «annoncera cette décision dans les prochains jours», a indiqué son porte-parole Robert Gibbs.

Différents médias rapportaient qu'il ferait connaître ses intentions le mardi 1er décembre.

M. Obama lui-même s'est contenté mardi de dire qu'il dévoilerait ses intentions «sous peu», après la grande fête familiale de Thanksgiving, jeudi.

Il doit dire s'il accède à la demande de son commandant sur le terrain, le général Stanley McChrystal. Devant la dégradation de la situation afghane, celui-ci recommanderait de déployer environ 40 000 soldats américains en plus des 68.000 déjà sur place.

L'envoi de renforts est l'hypothèse la plus communément envisagée, la question étant de savoir combien. La Maison-Blanche s'est contentée jusqu'alors de dire qu'il n'était pas question de réduire les effectifs.

M. Obama n'a pas fourni d'indice quand il est apparu devant les journalistes au côté du premier ministre indien Manmohan Singh à la Maison-Blanche.

«Après huit années (de conflit en Afghanistan), au cours desquelles nous n'avons eu, à mon avis, ni les ressources ni la stratégie nécessaires pour finir le boulot, j'ai l'intention de le finir», a-t-il déclaré.

Il n'a pas dit avec quels effectifs, quel argent, dans quel délai ni avec quelle stratégie, énonçant seulement des objectifs (annihiler les réseaux d'Al-Qaeda et de leurs alliés; responsabiliser les forces de sécurité afghanes); et des moyens (une stratégie «globale» avec des composantes civiles et diplomatiques, ainsi que la participation des partenaires des États-Unis à l'effort).

M. Obama a indiqué qu'il allait maintenant discuter de leurs «obligations» avec les partenaires des États-Unis, qui répugnent souvent à s'engager davantage.

Des responsables militaires de l'OTAN se réuniront le 7 décembre en Belgique pour discuter de renforts, ce qui rend d'autant plus probable une annonce prochaine de la part de M. Obama.

Mais la contribution des alliés des États-Unis s'annonce modeste, compliquant la tâche de M. Obama auprès du public américain.

Le président est soumis à la pression de ses adversaires républicains qui veulent qu'il accède à la demande du général McChrystal.

Mais il fait aussi face à l'hostilité grandissante des Américains à la guerre qui connaît son année la plus meurtrière pour les soldats américains, afghans et étrangers, mais aussi pour les civils.

Cette hostilité grandit chez les propres partisans de M. Obama, inquiets d'un enlisement et du coût de la guerre.

Des parlementaires démocrates ont introduit récemment un texte qui imposerait un impôt pour financer l'effort de guerre.

Pour convaincre les Américains, M. Obama a clairement signifié au cours des dernières semaines qu'il voulait être en mesure de leur dire, quand il annoncera sa décision, que l'engagement en Afghanistan n'est pas illimité.