Les Etats-Unis «sont en train de perdre la guerre en Afghanistan, même s'ils ne l'ont pas encore perdue», a estimé mercredi à Washington Bruce Riedel, l'un des anciens conseillers du président Barack Obama sur la crise dans la région.

Après trente ans de carrière à la CIA, Bruce Riedel, qui a travaillé dans l'équipe de campagne du candidat Obama, a dirigé au début de l'année l'équipe de spécialistes qui a passé en revue toute la stratégie américaine au Pakistan et en Afghanistan et permis au président américain de prendre sa décision sur le nombre de soldats à envoyer en renfort.

«Tous les indicateurs et toutes les statistiques démontrent que la dynamique est aujourd'hui entièrement en faveur des talibans», a-t-il déclaré au cours d'un colloque organisé dans la capitale fédérale par un groupe de réflexion, la Jamestown Foundation.

Sa mission officielle étant terminée, il a précisé s'exprimer en tant qu'expert au sein de la prestigieuse Brookings Institution et non pas en tant que membre de l'administration Obama.

«Le président Obama a hérité en janvier 2009 d'un désastre au Pakistan et en Afghanistan», a-t-il affirmé. «Et les choses ont encore empiré au cours des dix derniers mois. Une guerre qui avait commencé en 2001 par un brillant succès (...) a été gâchée».

«Pendant plusieurs années, la précédente administration n'a rien fait. En conséquence, une insurrection qui n'aurait jamais dû naître menace aujourd'hui la survie du gouvernement Karzaï et menace de mettre en échec la première opération terrestre de l'histoire de l'Otan».

Mais, même si la situation est difficile, «cela n'est pas encore perdu», a-t-il assuré. «Parce que ce à quoi nous sommes confrontés n'est pas un soulèvement national, c'est une insurrection pachtoune».

«Les Soviétiques ont fait face à un soulèvement national. Tout le pays était virtuellement opposé à l'occupation soviétique, et le comportement des Soviétiques a renforcé cette opposition», a ajouté Bruce Riedel.

«Nous faisons face à une insurrection qui est essentiellement confinée à la communauté pachtoune. Cela veut dire que la majorité des Afghans ne soutient pas les talibans. Et même une majorité de pachtounes ne veut pas d'un retour à l'émirat islamique d'Afghanistan. Cela constitue notre meilleur espoir d'inverser le cours des choses», a-t-il dit.