Le président Barack Obama s'en est pris aux banquiers qui profitent du système et touchent d'importantes primes alors que leurs entreprises ont été sauvées par l'argent du contribuable, dans un entretien télévisé dont des extraits ont été diffusés vendredi.

«Je n'ai pas été candidat (à la présidence) pour aider un tas de banquiers gras de Wall Street», a expliqué M. Obama lors de l'émission de CBS 60 Minutes, qui doit passer à l'antenne dimanche soir.

Alors que plusieurs des plus grandes banques américaines ont remboursé l'argent que leur avait prêté l'Etat pour franchir la mauvaise passe de la crise financière, M. Obama n'a pas exclu que certaines l'aient fait pour pouvoir verser d'importants bonus à leurs employés. Les banques devant de l'argent à l'Etat avaient vu ces primes plafonnées.

Les pratiques de bonus récompensant la prise de risque des banques sur des investissements parfois hasardeux sont considérées comme une des raisons ayant précipité la crise financière, et ont provoqué la colère de l'opinion publique.

«Je pense que dans certains cas (pouvoir verser des bonus) était ce qui a motivé» le remboursement de l'aide publique, a estimé M. Obama.

«Ce qui m'étonne, c'est que les gens de Wall Street n'ont toujours pas l'air de comprendre (...) ils se demandent toujours pourquoi les gens sont en colère contre les banques», a raillé le président.

«Voyons un peu. Vous récupérez des bonus de 10 ou 20 millions de dollars après la pire année pour l'économie en Amérique depuis des décennies, et c'est vous qui avez provoqué le problème», a énoncé M. Obama.

«Ce qui me met vraiment en colère, c'est que les banques qui ont bénéficié de l'aide de l'argent du contribuable sont celles qui se battent bec et ongles au Congrès, contre une régulation financière», a-t-il ajouté.

La Chambre des représentants américaine a approuvé vendredi un projet de loi de «Réforme de Wall Street», comprenant notamment la création d'une agence financière de protection des consommateurs pour réglementer certains produits financiers et éviter les pratiques abusives.

Mais elle doit encore être approuvée par le Sénat, où aucun vote n'est attendu avant 2010.

Les déclarations de M. Obama interviennent alors que le Trésor américain a indiqué vendredi que le gouvernement américain ne prévoyait pas d'imposer une taxe spéciale sur les bonus bancaires de 2009, comme ont décidé de le faire la France et la Grande-Bretagne.

La Grande-Bretagne et la France ont annoncé jeudi que les bonus versés par les banques à leurs employés au titre de l'année 2009 feraient l'objet d'une taxe exceptionnelle de 50%.

Aux Etats-Unis, la banque centrale (Fed) a ordonné aux plus grandes banques présentes aux Etats-Unis de revoir leur politique de bonus de telle sorte que celle-ci «ne sape pas» leur «sécurité» et leur «santé» financière.

Le secrétaire au Trésor Tim Geithner a redit le 5 décembre qu'il fallait «en finir avec l'ère des gros bonus bancaires irresponsables», mais la question de l'intervention de l'Etat sur le sujet par la voie législative reste taboue.