Sanaa a réaffirmé sa détermination à traquer les activistes d'Al-Qaeda mais attend plus d'aide de la part des États-Unis dans sa lutte contre ce groupe qui, selon un ministre yéménite, pourrait planifier des attaques similaires à l'attentat manqué contre un avion américain.

«Le Yémen ne sera jamais un sanctuaire pour les activistes terroristes. Le gouvernement a un plan bien structuré pour traquer et combattre les terroristes d'Al-Qaeda», a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, Hassan al-Lawzi.

Les autorités yéménites, qui affirment avoir tué plus de 60 activistes d'Al-Qaeda dans des opérations militaires menées les 17 et 24 décembre dans le centre du Yémen et dans la région de Sanaa, attendent des États-Unis, dont elles sont un allié dans leur guerre contre le terrorisme, davantage d'aide technique mais pas opérationnelle.

«Nous demandons aux États-Unis de renforcer la coopération en matière de renseignement. Mais les opérations sont menées par les Yéménites», a déclaré mercredi à l'AFP un responsable des services de sécurité.

Les États-Unis et le Yémen étudient des cibles d'Al-Qaeda au Yémen qui pourraient être visées par des opérations de représailles à l'attentat manqué de vendredi sur un vol Amsterdam/Detroit, selon la chaîne de télévision CNN.

«Nous ne pouvons pas dévoiler les cibles que nous étudions en vue d'une possible frappe», a déclaré le responsable yéménite, qui a requis l'anonymat.

«Il faut travailler en association étroite pour combattre le terrorisme», a plaidé le ministre yéménite des Affaires étrangères Abou Bakr al-Kourbi, estimant sur la BBC que les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Union Européenne pourraient faire «beaucoup» pour aider Sanaa à combattre Al-Qaeda.

«L'assistance américaine n'est pas à la mesure des efforts que déploie le Yémen», où se renforce Al-Qaeda dans la Péninsule arabique, une alliance des branches yéménite et saoudienne du réseau d'Oussama ben Laden, a déclaré mercredi à l'AFP un responsable gouvernemental sous couvert d'anonymat.

Les activistes d'Al-Qaeda au Yémen sont «peut-être des centaines, de l'ordre de 200 à 300» et «ils peuvent vraiment planifier des attaques comparables à celle qui vient d'avoir lieu à Detroit», a dit M. Kourbi.

Le jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, inculpé samedi aux États-Unis pour sa tentative vendredi de faire exploser un avion de ligne américain, a dit aux enquêteurs appartenir à Al-Qaeda et avoir subi un entraînement au Yémen, selon les médias américains. Le réseau, qui a revendiqué l'opération, a également assuré lui avoir fourni l'explosif.

Ce Nigérian a effectué deux séjours au Yémen officiellement pour apprendre la langue arabe dans un institut de Sanaa: le premier a eu lieu de 2004 à 2005 et le second entre août et la mi-décembre de cette année, a affirmé le porte-parole du gouvernement.

Il a répété que les autorités yéménites avaient accordé un visa à Umar Farouk Abdulmutallab pour son dernier séjour en l'absence de toute objection sur sa personne dans plusieurs pays où il s'était rendu et avec lesquels Sanaa coopère dans la lutte contre le terrorisme.

Le gouvernement yéménite a durci les mesures pour l'accueil des étudiants étrangers: «Les ambassades du Yémen ont reçu l'ordre de ne plus accorder de visas à des étudiants voulant apprendre l'arabe au Yémen (...) avant d'en référer au ministère de l'Intérieur à Sanaa, compétent» pour ce genre de visas, a déclaré M. Lawzi.

Des milliers de ressortissants étrangers viennent au Yémen pour y suivre des cours de langue arabe et de religion. Certains de ces établissements sont soupçonnés dans les milieux diplomatiques de prêcher un extrémisme religieux.