Avant de rentrer à Washington, Barack Obama passait ses dernières heures de vacances à Hawaï à examiner de près le rapport préliminaire réclamé sur les déficiences des services de renseignement américains après l'attentat manqué contre le vol 253.

Les responsables de ces services se préparent de leur côté à de très inconfortables interrogatoires devant le Congrès. 

Deux interrogations se posent: quels manquements ont permis à un jeune homme, pourtant signalé comme potentiellement dangereux, d'embarquer dans un avion avec des explosifs? Comment améliorer les procédures pour que cela ne se reproduise pas?

Barack Obama, qui présidera la semaine prochaine à Washington des réunions sur une refonte de la politique antiterroriste américaine, s'est déjà entretenu avec d'une part John Brennan, conseiller en antiterrorisme, et d'autre part Janet Napolitano, ministre de la Sécurité intérieure. Cette dernière a annoncé avoir envoyé des hauts responsables de son ministère dans divers aéroports internationaux pour y passer en revue les procédures de sécurité.

Le 25 décembre 2009, Umar Farouk Abdulmutallab, un Nigérian de 23 ans, a tenté de faire exploser le vol 253 Amsterdam-Detroit de Northwest Airlines, avant d'être maîtrisé par les autres passagers. Un peu plus d'un mois auparavant, son père avait pourtant dit à l'ambassade américaine à Abuja qu'il craignait que son fils soit tombé sous l'influence d'extrémistes. Ces informations avaient été transmises au Département d'Etat et au Centre national de contre-terrorisme (NCTC), qui avait inscrit le nom d'Abdulmutallab dans sa base de données TIDE (Terrorist Identities Datamart Environment).

Après avoir appris que le suspect était fiché depuis novembre aux États-Unis sans pour autant être interdit de vol, Barack Obama a réclamé le 27 décembre un réexamen des procédures.

«Cette défaillance dans le partage des informations ne sera pas tolérée», a déclaré un haut responsable de l'administration Obama aux journalistes qui suivaient les vacances présidentielles à Hawaï.

Le Parti démocrate estime aussi que les procédures sont à revoir. Avec le tuyau qu'ont reçu les services américains sur Umar Farouk Abdulmutallab, «quelqu'un aurait dû tirer la sonnette d'alarme», estime la parlementaire Jane Harman.

La commission du renseignement du Sénat va ouvrir une enquête sur ces dysfonctionnements. Dans ce cadre, elle entamera des auditions le 21 janvier. «Nous allons remonter toute la chaîne du renseignement pour trouver quel maillon a lâché et voir comment éviter cela à l'avenir», explique le sénateur républicain Kit Bond, membre de cette commission. «Quelqu'un s'est planté en beauté».

Les responsables des multiples services du renseignement se préparent à ces interrogatoires qui s'annoncent embarrassants. Ils devront notamment expliquer pourquoi leurs services communiquent toujours aussi mal entre eux, malgré les innombrables promesses de coopération et la création du NCTC, censé coordonner l'action des différentes agences.

«Le président a clairement estimé que les manquements du renseignement avaient contribué à l'escalade de la menace» terroriste, note le directeur du Renseignement national Dennis Blair dans une lettre aux employés. «Ce message est dur à entendre mais nous l'avons entendu. Et maintenant, il nous faut avancer et y répondre ensemble».

Le passage en revue des procédures de sécurité devrait déboucher sur de nouvelles règles. Parmi celles-ci, il pourrait devenir obligatoire de vérifier les visas dont disposent les personnes désignées comme suspectes.

Umar Farouk Abdulmutallab avait un visa pour entrer aux Etats-Unis. Ce visa touristique avait été délivré en juin 2008 par l'ambassade américaine à Londres et était valable jusqu'en juin 2010.