Conséquence directe de l'attentat manqué du 25 décembre, les États-Unis ont décidé que les ressortissants de 14 pays feraient l'objet de contrôles plus poussés dans les aéroports. Le Canada aussi haussera ses mesures de sécurité: des scanners corporels seront installés dans neuf aéroports internationaux.

Brian et Britt Morris ne peuvent être accusés de nourrir une peur irrationnelle envers les pays musulmans. L'an dernier, les deux retraités ont visité l'Iran, un pays qu'ils ont aimé autant, sinon plus que le Pakistan, leur destination précédente.

 

Mais l'accueil chaleureux qu'ils ont reçu dans le monde musulman ne les empêche pas d'approuver l'inclusion de l'Iran et du Pakistan dans une liste de 14 pays visés par de nouvelles mesures de sécurité dans le transport aérien.

«Nous n'avons pas le choix, malheureusement. Nous devons renforcer les contrôles», a déclaré Brian Morris hier à l'aéroport JFK, avant de s'envoler pour l'Inde, où ce Britannique d'origine, naturalisé américain, séjournera pendant un mois. «Je suis désolé pour ceux qui devront se soumettre aux nouvelles règles, mais la situation est devenue compliquée.»

«Je pense que c'est nécessaire après ce qui s'est produit à Noël», a ajouté sa femme, Britt, qui est originaire de la Suède.

Ce qui s'est produit le jour de Noël, c'est bien sûr l'attentat manqué contre le vol Amsterdam-Detroit de la compagnie Northwest Airlines. Il a conduit dimanche l'Administration de la sécurité dans les transports (TSA) à ordonner une fouille corporelle «complète» et une inspection «manuelle» des bagages à main des voyageurs en provenance de 14 pays à destination des États-Unis. La nouvelle directive, en vigueur depuis hier matin, s'applique également aux passagers ayant transité par ces pays.

La liste des pays ciblés comprend les États que Washington accuse de «soutenir le terrorisme» - Cuba, Iran, Soudan et Syrie - ainsi que l'Afghanistan, l'Algérie, l'Arabie Saoudite, l'Irak, le Liban, la Libye, le Nigeria, le Pakistan, la Somalie et le Yémen.

À l'aéroport JFK, la grande majorité des voyageurs américains que La Presse a interviewés étaient d'accord avec la nouvelle directive de la TSA.

«Est-ce que ces mesures sont excessives? Je ne pense pas», a déclaré Krista Cohen, de Charlotte, en Caroline-du-Nord, qui attendait un vol à destination d'Israël. «Nous vivons à une époque où il faut prendre des mesures extrêmes à cause des actes que des gens commettent.»

Angela Bercelle, Bostonienne qui vit à Paris depuis près de deux ans, s'est cependant distinguée de la majorité de ses compatriotes. Non seulement elle n'avait pas encore entendu parler d'Umar Farouk Abdulmutallab, le Nigérian âgé de 23 accusé d'avoir tenté de faire exploser le vol 253 de Northwest Airlines à l'aide d'explosifs dissimulés sous ses vêtements, mais elle a également critiqué les nouvelles mesures de la TSA.

«C'est plutôt raciste», a déclaré l'étudiante de 21 ans. «On devrait fouiller les passagers au hasard et non pas en les choisissant par pays.»

Des responsables de certains pays visés par la nouvelle directive de la TSA ont également fait connaître leur désaccord hier.

«C'est injuste d'instaurer des mesures discriminatoires contre 150 millions de personnes en raison du comportement d'une seule», a déclaré Dora Akunuyili, ministre de l'information du Nigeria, pays d'origine d'Umar Farouk Abdulmutallab.

En annonçant ses nouvelles mesures, la TSA a précisé que les fouilles corporelles et l'inspection des bagages à main ne s'appliqueraient plus automatiquement à tous les passagers à destination des États-Unis, comme c'était le cas depuis le 26 décembre, mais seulement aux ressortissants de 14 pays et aux passagers qui y ont transité.

Le changement est cependant venu trop tard pour Paul Newton, professeur à l'Université de l'Alberta, qui devait donner demain une conférence au Koweït sur l'éducation. Il a malheureusement raté sa correspondance à l'aéroport JFK samedi à la suite des fouilles auxquelles il a été soumis à l'aéroport de Dorval.

«Ceux qui ont fait les réservations pour moi au Koweït n'ont pas tenu compte des délais qu'occasionnerait le renforcement des contrôles», a déclaré M. Newton, qui attendait le vol qui devait le ramener au Canada.

Et que pense-t-il des nouvelles directives de la TSA pour les passagers originaires du Yémen et de 13 autres pays?

«Les gens qui veulent frapper les États-Unis trouveront d'autres façons de contourner les nouvelles règles», a-t-il dit.