L'attentat raté du 25 décembre a encore fait des vagues hier. Barack Obama a sévèrement critiqué les errements de ses services de renseignements. Pour sa part, le gouvernement canadien a confirmé l'installation de scanners dans ses aéroports internationaux. Une nouvelle mesure à laquelle les voyageurs canadiens se résignent.

Barack Obama a ajouté de nouveaux éléments hier à la liste des signaux qui auraient pu permettre au gouvernement américain de déjouer l'attentat du 25 décembre contre le vol 253 de Northwest.

 

Les précisions du président s'inscrivaient dans une critique sévère du système de sécurité de son pays, qui a échoué «d'une manière potentiellement désastreuse», a-t-il dit à l'issue d'une réunion avec les principaux responsables de la sécurité nationale. Il a réclamé des réformes immédiates pour corriger les erreurs.

«Ce n'est pas un échec dans la collecte de renseignements, c'est un échec dans l'intégration et la compréhension des renseignements dont nous disposions déjà. Les renseignements étaient là», a déclaré Barack Obama lors de son allocution à la Maison-Blanche.

«Il est de plus en plus clair que les renseignements n'ont pas été totalement analysés. Ce n'est pas acceptable et je ne le tolérerai plus.»

Le président ne faisait pas seulement allusion au fait que certaines personnes des services de renseignement américains savaient qu'Umar Farouk Abdulmutallab, l'auteur de l'attentat raté, était allé au Yémen et s'était joint à des extrémistes dans ce pays.

«Il apparaît maintenant que nos services de renseignement étaient au courant d'autres signaux indiquant qu'Al-Qaeda dans la péninsule arabique voulait attaquer non seulement des cibles américaines au Yémen, mais aux États-Unis même, a-t-il précisé. Et nous avons des renseignements sur le fait que ce groupe travaillait avec quelqu'un dont nous savons maintenant qu'il s'agissait en fait de la personne impliquée dans l'attaque de Noël.

«En résumé, le gouvernement américain avait suffisamment d'information pour déjouer ce complot et peut-être empêcher l'attaque du jour de Noël, mais nos services de renseignement n'ont pas réussi à assembler les pièces, ce qui aurait mis le suspect sur la liste des personnes interdites de vol», a-t-il ajouté.

Le président américain a ordonné un renforcement de cette liste, qui se serait allongée de centaines de noms au cours des derniers jours. Cette mesure s'ajoute aux contrôles accrus auxquels seront soumis les passagers originaires ou en provenance de 14 pays considérés comme menaçants, dont le Yémen et le Nigeria, pays d'origine d'Abdulmutallab.

Le président a précisé qu'il rendrait publiques dans les prochains jours les conclusions de l'examen des mesures de sécurité et des listes antiterroristes qu'il a ordonné à la suite de l'attentat raté du 25 décembre.

Le rôle joué par la section d'Al-Qaeda au Yémen dans cet attentat a par ailleurs incité le président Obama à suspendre le renvoi des détenus de Guantánamo vers ce pays. Le chef de la Maison-Blanche a néanmoins réitéré hier son engagement à fermer la prison de Guantánamo, laquelle, a-t-il affirmé, sert d'«outil de recrutement» à Al-Qaeda, et tout particulièrement à sa section yéménite.

Quelques jours avant l'incident de Noël, l'administration Obama avait renvoyé dans leur pays six Yéménites détenus à Guantánamo. Près de la moitié des 198 prisonniers actuels du centre de détention sont originaires du Yémen.

L'allocution du président américain faisait suite à une rencontre à la Maison-Blanche à laquelle étaient conviés une vingtaine de responsables gouvernementaux, dont Dennis Blair, directeur du renseignement, Leon Panetta, directeur de la CIA, Robert Mueller, directeur du FBI, et Keith Alexander, directeur de la NSA (Agence de sécurité nationale).

S'étaient joints à eux, entre autres, le vice-président, Joe Biden, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, la secrétaire d'État, Hillary Clinton, et la secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano.

Malgré ses critiques à l'endroit du système de sécurité américain, Barack Obama n'entend pas faire des changements à la tête de certaines agences impliquées dans le fiasco du 25 décembre, selon le porte-parole de la Maison-Blanche.

«Le président fait confiance à la secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, au directeur du renseignement, Dennis Blair, et au directeur de la CIA, Leon Panetta», a déclaré Robert Gibbs.