«Les emplois doivent être notre priorité en 2010!»

Le message de Barack Obama à ses concitoyens, hier soir lors de son premier discours sur l'état de l'Union, ne pouvait pas être plus clair.

L'économie est sans contredit la préoccupation principale des Américains et leur président a utilisé ses talents d'orateur pour leur faire comprendre qu'il en est conscient.

 

Il a consacré la majeure partie de son discours de près de 70 minutes à l'économie, expliquant en long et en large comment il comptait la remettre sur les rails.

Une nouvelle loi sur l'emploi, des crédits d'impôts, un gel des dépenses, une hausse marquée des exportations... Le président a annoncé toute une série de mesures qui bénéficieront avant tout, a-t-il précisé avec une bonne touche de populisme, à l'Américain moyen plutôt qu'à Wall Street.

Une recette qui, espère-t-il certainement, lui permettra aussi de relancer sa propre présidence, en quête d'un second souffle. «La dévastation persiste. Un Américain sur dix n'arrive pas à trouver d'emploi. Plusieurs entreprises ont fermé leurs portes. La valeur des maisons a chuté», a-t-il dit dans l'enceinte du Congrès américain.

Obama a entre autres proposé de venir en aide aux petites entreprises en utilisant une somme de 30 milliards remboursée au gouvernement américain par «les banques de Wall Street».

Il a aussi promis de renouveler les réductions d'impôts pour «les Américains de la classe moyenne». Tout en précisant que «les sociétés pétrolières, les gestionnaires de fonds de placement et ceux qui gagnent plus de 250 000$ par année» n'y auront pas droit. «Nous ne pouvons pas nous le permettre», a-t-il lancé.

Se serrer la ceinture

Le président a par ailleurs décrété un gel des dépenses pour trois ans à partir de 2011 dans plusieurs secteurs - la sécurité nationale, toutefois, ne serait pas touchée.

«Comme toutes les familles qui doivent se serrer la ceinture, nous allons fonctionner à l'intérieur d'un budget pour investir dans nos besoins et sacrifier le reste», a-t-il expliqué, promettant qu'il allait utiliser son veto si le Congrès ne respecte pas sa volonté.

«La Chine n'attend pas pour retaper son économie. L'Allemagne n'attend pas. L'Inde n'attend pas», a dit Obama, qui, durant tout son discours, a pressé les parlementaires du Congrès de retrousser leurs manches.

En fait, pour une rare fois depuis la fin de la course à la présidence, Obama a évoqué à de nombreuses reprises le thème du changement qui lui avait si bien servi. «Plutôt que de mener les mêmes luttes qui ont dominé Washington durant des décennies, il est temps d'essayer quelque chose de nouveau, a-t-il dit, exhortant entre autres le Congrès à donner le feu vert à la réforme du système de santé.

S'il a reconnu sa responsabilité dans certains des revers essuyés par son gouvernement, il a aussi et surtout défendu le travail accompli au cours de la première année de son mandat. Y compris certaines initiatives fort peu populaires comme le plan de sauvetage des banques, qu'il a comparé avec humour à un «traitement de canal». Autrement dit: un mal nécessaire.

Terrorisme et militaires gais

L'économie a tant tenu le haut du pavé que seules quelques lignes du discours ont été consacrées aux guerres en Afghanistan et en Irak ainsi qu'à la lutte contre le terrorisme. Quant aux militaires, tout en faisant leur éloge, Obama a promis qu'il lutterait pour rendre légale la présence d'homosexuels avoués dans leurs rangs. Un sujet chaud qui avait donné du fil à retordre à Bill Clinton.

Redorer son blason et reconquérir les Américains grâce à ce discours était tout particulièrement important pour le président parce qu'il ne reste que quelques mois avant les élections de mi-mandat aux États-Unis.

En novembre prochain, l'ensemble des sièges de la Chambre des représentants sera en jeu, ainsi que le tiers des sièges du Sénat. Les démocrates dominent actuellement ces deux chambres du Congrès américain et risquent fort de perdre plusieurs sièges.

Ainsi, si le discours d'hier visait à faire le point sur l'état du pays, sa teneur en a aussi dit long sur l'état de la présidence d'Obama.

 

Cameron, DaphnéSONDAGE CNN

UN DISCOURS BIEN REÇU

Plus de la moitié des Américains qui ont visionné le discours sur l'état de l'Union, hier soir, ont réagi « positivement « à la performance du président Obama. Selon un sondage CNN-Opinion Research Corporation mené dans les minutes suivant le discours, 48% des auditeurs ont eu une réaction « positive «, 10%, « plutôt positive «, et 21 %, « négative «. Selon l'enquête réalisée auprès de 400 personnes, les deux tiers des citoyens interrogés considèrent que le chef de l'État parviendra à améliorer l'économie, tandis que six personnes sur dix pensent qu'il réussira à créer de nouveaux emplois. La marge d'erreur de ce sondage est de 5%. Au total, 38% des répondants étaient des démocrates et 25% des républicains.