Ni retour sur la Lune, ni conquête de Mars: le président Barack Obama, limité par le déficit budgétaire des États-Unis, renonce aux ambitions américaines et entend privilégier le secteur privé pour assurer des vols orbitaux moins chers.

Dans son projet de budget transmis au Congrès, M. Obama a proposé lundi l'élimination du programme «Constellation» de retour sur la Lune et de conquête de Mars lancée par son prédécesseur George W. Bush en 2004, comme cela avait déjà été révélé vendredi de source proche de la Maison-Blanche.

Citant le rapport de la commission Augustine d'experts indépendants créée par M. Obama début 2009, le document de la Maison-Blanche qualifie, en substance, Constellation de technologiquement dépassé et trop coûteux.

À la place, «nous lançons un nouvel effort qui investit dans l'ingéniosité américaine pour mettre au point des technologies plus avancées et innovantes afin de permettre aux États-Unis de se lancer dans un ambitieux programme d'exploration spatiale habitée au XXIe siècle», explique la Maison-Blanche.

Cette approche devrait permettre «de réduire les coûts de l'exploration spatiale future aussi bien pour la Nasa, le gouvernement et le secteur spatial privé», poursuit l'Administration.

M. Obama propose particulièrement que la Nasa sous-traite à des sociétés privées des vols orbitaux vers la Station spatiale internationale (ISS) dont la vie est prolongée de cinq ans jusqu'en 2020.

Le développement de firmes capables d'assurer le transport d'astronautes et de fret vers l'ISS doit permettre de réduire la dépendance des États-Unis envers les Soyouz russes. Ces derniers seront les seules voies d'accès à la Station après la mise hors service des trois navettes de la flotte américaine prévue fin 2010.

La Maison-Blanche entend aussi redonner à la Nasa le rôle de moteur de l'innovation que l'agence a joué avec le programme Apollo de conquête de la Lune dans les années 60. Pour concrétiser cette nouvelle approche, elle propose une modeste rallonge de six milliards de dollars sur cinq ans au budget de la Nasa.

L'enveloppe 2011 de l'agence se monte 17,6 milliards de dollars pour 2011.

La Nasa consacre actuellement quelque dix milliards de dollars par an pour l'exploration spatiale habitée, dont la moitié pour la navette.

L'agence spatiale a déjà dépensé près de dix milliards sur Constellation, dont 3,5 milliards sur le lanceur Ares 1 et plus de quatre milliards sur la capsule Orion appelée à succéder à la navette pour transporter les astronautes.

Si l'administration Obama abandonne, pour au moins cette décennie, les ambitions d'effectuer des vols habités au-delà de l'orbite terrestre, elle envisage aussi d'intensifier la coopération internationale, a souligné ce week-end John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute à l'Université George Washington.

Le changement de cap radical pour la Nasa proposé par l'administration Obama a déjà suscité de vives critiques au Congrès où Constellation est populaire chez de nombreux élus en raison surtout des emplois que le programme représente.

Le sénateur Richard Shelby, républicain influent d'Alabama, a estimé lundi que le projet de budget «entamait la marche vers la mort des vols habités américains». Selon lui, «Constellation est la seule voie pour maintenir la domination spatiale américaine» dans le monde.