Une semaine après avoir appelé le Congrès à «abroger finalement» une loi imposant aux soldats homosexuels de cacher leur orientation sexuelle, Barack Obama a obtenu le soutien de deux poids lourds du Pentagone pour la levée de ce tabou.

Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, et le chef d'état-major interarmes, l'amiral Mike Mullen, se sont tous deux dits d'accord hier avec l'élimination de la loi «Don't ask, don't tell», qui est en vigueur depuis 1993.

«Mon opinion est qu'autoriser les gais et lesbiennes à servir ouvertement serait la bonne chose à faire», a déclaré l'amiral Mullen lors d'une audition devant la commission des forces armées du Sénat.

«Je ne peux m'empêcher d'être troublé du fait que nous ayons actuellement une politique qui force les jeunes hommes et les jeunes femmes à mentir sur ce qu'ils sont afin de pouvoir défendre leurs compatriotes. Pour moi, c'est une question d'intégrité - la leur en tant qu'individus et la nôtre en tant qu'institution», a ajouté le militaire après avoir précisé qu'il exprimait «un avis personnel».

L'amiral Mullen est ainsi devenu le premier officier de haut rang de son pays à se prononcer en faveur de la levée de l'interdiction de l'homosexualité dans l'armée. En 1993, Bill Clinton avait tenté d'instaurer un tel changement, soulevant l'opposition du Congrès et de la hiérarchie militaire, dont le chef d'état-major interarmes de l'époque, le général Colin Powell.

La levée de boucliers avait conduit le Congrès à adopter un texte de compromis baptisé «Don't ask, Don't tell» (Ne rien demander, ne rien dire), qui interdit aux militaires homosexuels d'évoquer leur orientation sexuelle sous peine d'être renvoyés des forces armées. En vertu de cette loi, un soldat peut également être chassé s'il est dénoncé pour homosexualité.

L'abrogation de la loi n'aura pas lieu du jour au lendemain. Le secrétaire à la Défense a annoncé la nomination d'un groupe qui examinera la situation dans l'armée pendant un an afin de préparer l'élimination de la politique actuelle. En attendant, il a chargé ses conseillers politiques de lui présenter dans les 45 jours des mesures temporaires afin de réduire les effets de la loi. Depuis 1993, plus de 13 000 hommes ont été chassés de l'armée en vertu du «Don't ask, don't tell», selon les données du Pentagone.

Aubrey Sarvis, directeur de l'association Servicemembers Legal Defense Network, s'est réjoui de la déclaration de Gates et Mullen en faveur de l'abrogation de la loi «Don't ask, don't tell». Il a cependant déploré le fait que le Congrès ne répondra pas dès cette année à l'appel du président Obama.

«Toutes les études démontrent que les gais qui servent ouvertement n'ont aucun impact négatif sur la cohésion, le recrutement, la rétention et la préparation. Des soldats seront renvoyés pendant l'examen de la situation», a prédit Sarvis.

Membre de la commission des forces armées du Sénat, John McCain a exprimé l'opinion de plusieurs républicains en affirmant que l'abrogation de la loi «Don't ask, don't tell» serait «une erreur».