Les enfants ne sont pas seuls à jubiler ces jours-ci en voyant les flocons blancs tomber à plein ciel sur les grandes villes de la côte est des États-Unis, dont Washington, Baltimore et Philadelphie, qui ont reçu des chutes de neige records.

 «Il y a aussi les sceptiques du réchauffement climatique, qui accueillent chaque tempête avec un petit air de triomphe, comme s'ils venaient de marquer un point dans le débat qui fait rage aux États-Unis sur cette question.

«L'audition sur le réchauffement climatique que devait tenir demain (la sénatrice démocrate de Californie) Barbara Boxer a été annulée en raison du blizzard», a joyeusement annoncé le sénateur républicain d'Oklahoma Jim Inhofe, le plus irréductible des sceptiques du réchauffement, lors d'une entrevue à la chaîne Fox News mardi.

Son collègue républicain de la Caroline-du-Sud, Jim DeMint, en a remis en ironisant sur son compte Twitter au sujet d'un des champions du combat contre le réchauffement. «Il va continuer à neiger à Washington jusqu'à ce qu'Al Gore appelle au secours!» a-t-il écrit.

L'animateur de Fox News Sean Hannity s'est également moqué de l'ex-vice-président américain, affirmant que les tempêtes de neige récentes «semblent contredire les théories hystériques d'Al Gore sur le réchauffement climatique». Les scientifiques n'en croient rien, mais au moins un centre de recherche progressiste de Washington prend au sérieux les déclarations des sceptiques du réchauffement. Soucieux de ne pas céder l'avantage politique à ces derniers, le Center for American Progress a organisé hier une téléconférence avec deux spécialistes de la question. «Nous avons encore des hivers, même si les températures ont augmenté d'un degré Fahrenheit en moyenne au cours des 100 dernières années, a déclaré le météorologue Jeff Masters. Cela signifie que nos hivers restent encore assez froids pour qu'il y ait des tempêtes de neige. Mais les chutes de neige records de cette saison ne prouvent pas qu'il n'y a pas de réchauffement causé par les humains.»

Météo « extrême »



En fait, ces «snowpocalypse», «snoverkill» et autres tempêtes de neige aux surnoms inquiétants prouvent ce que les climatologues ont prédit, selon Joseph Romm, ex-responsable au département de l'Énergie.

«On nous avait dit que la météo deviendrait extrême, et il semble que nous en ayons la démonstration cet hiver», a-t-il déclaré.

Ce débat se déroule au moment où le Sénat procède à l'examen d'un projet de loi controversé sur le climat. Selon le journal parlementaire The Hill, ce texte est aujourd'hui «enterré sous les chutes de neige records». L'un de ses auteurs, le sénateur démocrate du Massachusetts John Kerry, a qualifié cette idée de «totalement fausse».

«Ce n'est pas un problème partisan», a-t-il déclaré en évoquant les appuis des sénateurs Lindsay Graham, un républicain, et Joe Lieberman, un indépendant, à son projet de loi. «Nous allons continuer à travailler sur un consensus avec tous ceux qui veulent créer des emplois, améliorer notre sécurité, réduire la pollution et rendre l'Amérique plus compétitive.»