Jusqu'à récemment, John McCain incarnait l'idéal républicain: un politicien habile et expérimenté, capable de tenir tête à son parti et même de travailler avec les démocrates pour obtenir des résultats.

Des aptitudes qui risquent maintenant de jouer en sa défaveur.

Depuis hier, McCain fait campagne pour garder le siège qu'il occupe depuis 24 ans au Sénat, en jeu aux élections de novembre prochain.

 

Son opposant: le républicain J.D. Hayworth, animateur de radio conservateur à Phoenix et ancien élu de la Chambre des représentants. Les deux hommes croiseront le fer l'été prochain, en Arizona, à l'occasion des primaires républicaines.

Au lancement officiel de sa campagne pour détrôner McCain, hier, Hayworth a dit qu'il comptait attaquer les décisions centristes du sénateur, dont certaines ont été critiquées en Arizona, notamment sa politique sur l'immigration clandestine.

«Cette année est une autre année de changements. Mais ce sera une année de changements en faveur des conservateurs», a-t-il dit.

Hayworth compte miser sur l'énergie des militants du Tea Party, ces militants de droite qui critiquent les dépenses de Washington.

Une stratégie qui pourrait faire du chemin en Arizona, où McCain est parfois accusé d'être un politicien détaché qui visite l'État lorsqu'il a besoin de faire le plein de votes, soulignent certains analystes.

«Pour les républicains purs et durs, l'heure de la revanche est arrivée, note John Ellinwood sur Gila Courrier, site conservateur qui analyse la politique en Arizona. McCain ne vient jamais aux événements (d'ici), mais cette année, il sera là tout le temps. C'est une insulte.»

Des millions à dépenser

Or, même si c'est la première fois en un quart de siècle qu'il fait face à un opposant d'envergure, McCain entame la course avec une bonne longueur d'avance.

Grâce à ses campagnes de financement, il dispose d'une réserve de 27 millions de dollars. Son travail à l'échelle nationale pour le Parti républicain lui a valu plusieurs appuis. Scott Brown, nouveau sénateur du Massachusetts, Sarah Palin, Dick Armey et Grover Norquist comptent aller faire campagne pour McCain en Arizona.

Interviewé à Washington la semaine dernière, McCain a dit qu'il comptait se battre pour garder son emploi.

«Oui, il m'est arrivé de tenir tête à mon propre parti... particulièrement lorsque les dépenses sont devenues hors contrôle, a-t-il dit. Je sais que je dois mériter chaque vote. Je vais travailler fort.»

Fouettés par les problèmes de l'administration Obama, les républicains se présentent cette année comme le parti le plus à droite possible.

Jusqu'ici, le Tea Party, dont les médias font grand cas, ne semble pas soulever les passions. Ainsi, 34 % des répondants à un récent sondage mené par le New York Times ont dit n'avoir jamais entendu parler de ce mouvement, alors que 39 % ont dit être contre. À peine 18% des répondants appuient le groupe.