Le chef spirituel des Tibétains rencontrera le président Barack Obama à la Maison-Blanche aujourd'hui. Ce rendez-vous soulève les passions en Chine, où le dalaï-lama est perçu comme un ennemi public. Réponses à cinq questions courantes.

Q- La rencontre sera-t-elle publique?

R- Non. Les journalistes n'y seront pas admis. Barack Obama rencontrera le dalaï-lama dans la salle des Cartes, ainsi nommée parce que Franklin Roosevelt y consultait les cartes militaires durant la Seconde Guerre mondiale. Rencontrer le chef spirituel des Tibétains dans le bureau Ovale serait un faux pas puisque seuls les chefs d'État y ont habituellement accès. Plus tôt dans la journée, Hillary Clinton rencontrera aussi le dalaï-lama dans les bureaux du département d'État à Washington.

 

Q- Est-ce un pas en avant pour la cause tibétaine?

R- Oui. L'envoyé du dalaï-lama, Lodi Gyari, souligne que la rencontre d'aujourd'hui avec Obama aidera le Tibet et sera un signe de l'engagement des États-Unis en faveur des droits de l'homme. Le dalaï-lama est une épine au pied du régime chinois, qui aimerait que les chefs d'État l'ignorent.

Q- Comment la rencontre est-elle perçue aux États-Unis?

R- Les Américains y sont favorables. Dans un sondage dévoilé mardi par la firme Angus Reid, 64% des répondants sont d'accord avec la décision du président de rencontrer le dalaï-lama, tandis que 16% s'y opposent. Plus précisément, les progressistes qui appuient fortement Obama sont de grands défenseurs de la cause tibétaine. Plusieurs avaient sourcillé, l'automne dernier, quand Obama avait choisi de ne pas rencontrer le dalaï-lama lors de son passage à Washington. Le président partait pour la Chine peu après. Un tel rendez-vous aurait été mal perçu par Pékin.

Q- Est-ce la première fois qu'un président américain rencontre le dalaï-lama?

R- Non. Depuis 20 ans, tous les présidents américains ont reçu le chef spirituel des Tibétains. En 2007, George W. Bush l'a reçu à la Maison-Blanche et a pris part à la cérémonie au cours de laquelle on lui a décerné la médaille d'honneur du Congrès américain. C'était la première fois qu'un président américain en exercice accompagnait le dalaï-lama en public.

Q- Les Chinois vont-ils riposter?

R- Difficile à dire. Le gouvernement chinois doit composer avec un sentiment nationaliste de plus en plus prononcé dans la population. Cette semaine, on a appris que Pékin a commencé à liquider des bons du Trésor américain. La Chine a vendu pour 34 milliards de bons en décembre 2009, si bien que le Japon est maintenant le premier détenteur étranger de la dette américaine. Les experts ne savent pas si Pékin agit ainsi par manque de confiance en la capacité de payer de Washington ou plutôt pour débloquer des liquidités.