Le président Barack Obama a reçu jeudi le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains en exil, qu'il a assuré de son «fort soutien» à la culture tibétaine, ce qui a entraîné une nouvelle protestation de Pékin.

L'arrivée du dalaï lama, prix Nobel de la Paix 1989, 20 ans avant M. Obama, s'était faite de manière discrète en-dehors de toute présence des caméras.

Mais à l'issue de leur entrevue d'environ 45 minutes, le leader tibétain s'est avancé à l'extérieur de la résidence et s'est adressé à la presse.

Il a déclaré que sa cause était «juste» et «pacifique» et s'est dit «très heureux» de cette rencontre. «Le président a fait part de son soutien», a-t-il déclaré devant l'aile ouest de la Maison-Blanche.

Le chef spirituel, âgé de 74 ans, a dessiné deux lignes dans la neige, dans ce qui semblait symboliser le drapeau tibétain, avant de partir rencontrer la secrétaire d'État Hillary Clinton.

Sans surprise, cette sortie publique a provoqué un peu plus la colère des autorités chinoises selon lesquelles la rencontre entre les deux hommes a «grossièrement violé» les normes internationales et contredit la reconnaissance par les États-Unis du fait que le Tibet fait partie de la Chine.

M. Obama «a fait part de son fort soutien envers la préservation de l'identité religieuse, culturelle et linguistique unique du Tibet et à la protection des droits humains des Tibétains au sein de la République populaire de Chine», a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.

«Le président a loué l'approche de la "voie du milieu" du dalaï lama, son engagement à respecter la non violence et sa poursuite du dialogue avec le gouvernement chinois», a ajouté M. Gibbs.

M. Obama «a insisté sur le fait qu'il avait constamment encouragé les deux parties à entamer un dialogue direct pour résoudre les différends et se réjouit de la reprise récente des discussions» entre autorités chinoises et émissaires du dalaï lama, a dit le porte-parole.

La Chine a repris en janvier ces discussions, pour la première fois depuis novembre 2008, sans résultats tangibles.

De retour à son hôtel, le dalaï lama s'est à nouveau adressé aux journalistes devant des centaines de partisans qui criaient «merci président Obama».

Le leader a affirmé qu'il était «essentiel» que les États-Unis et d'autres nations cherchent à entretenir des relations amicales avec la Chine.

Mais il a appelé la communauté internationale à entendre «les rêves des jeunes chinois» et poussé la Chine à offrir plus de libertés à son peuple, et notamment à mettre fin à la censure.

Pékin s'oppose à tout contact entre des dirigeants étrangers et le chef des bouddhistes tibétains qui vit en exil en Inde depuis 1959, l'accusant de visées sécessionnistes.

M. Obama avait évité le dalaï lama lors d'une visite de ce dernier à Washington en 2009, provoquant l'irritation des défenseurs des droits de l'homme, mais cette fois il est resté sourd aux admonestations chinoises.

L'administration Obama a fait part de sa détermination à bâtir une relation constructive avec la Chine mais depuis le début de 2010 elle n'en a pas moins pris des décisions qui ont fâché les autorités de Pékin, comme l'approbation de ventes d'armes pour 6,4 milliards de dollars à Taïwan.

Pékin avait averti que la visite du dalaï lama nuirait aux relations américano-chinoises.