Le président américain Barack Obama peut espérer une dose de collaboration de l'opposition au Congrès, après un vote mercredi au Sénat sur la relance de l'emploi qui a obtenu le soutien inédit de treize républicains.

M. Obama a estimé mercredi dans un discours que ce vote sur un train de mesures pour l'emploi de 15 milliards de dollars était une «étape importante vers le retour au travail aussi rapidement que possible de davantage d'Américains».

Le projet de loi a largement dépassé -- grâce aux voix des treize républicains -- l'épreuve du Sénat avec 70 voix contre 28, un chiffre auquel les sénateurs étaient peu habitués ces derniers temps. Seul un démocrate, Ben Nelson, a voté contre.

«Je me réjouis du soutien de mes collègues républicains qui nous ont rejoints pour adopter ces mesures cruciales et créatrices d'emplois», a indiqué mercredi après le vote le chef de la majorité démocrate Harry Reid.

M. Reid s'est déclaré «optimiste» sur le fait que cet exemple de collaboration entre les partis «annonce un nouvel esprit de travail en commun pour répondre à nos défis».

L'horizon législatif du président s'était brusquement assombri le 19 janvier lorsque le républicain Scott Brown avait remporté le siège de sénateur du Massachusetts longtemps occupé par Edward Kennedy, icône de la gauche américaine, décédé en août.

Au delà du symbole, les démocrates perdaient ainsi leur «supermajorité» de 60 voix sur 100 au Sénat, s'exposant ainsi aux blocages d'une opposition très critique vis-à-vis des projets législatifs du président Obama, trop chers ou trop impopulaires à leurs yeux.

Pour réussir le tour de passe-passe de mercredi auprès d'une opposition retranchée depuis des mois sur ses positions, les stratèges démocrates ont mis en avant les mesures les plus populaires, dont certaines sont des idées proposées par des républicains.

Sur un train de mesures de 85 milliards de dollars initialement prévu, M. Reid a choisi quatre mesures censées créer des emplois rapidement, pour un coût de 15 milliards.

En tout premier plan figure une disposition qui récompenserait fiscalement les employeurs embauchant des personnes au chômage depuis plus de 60 jours. Le texte autorise les Etats à lever des fonds pour des projets d'infrastructure, une extension d'un an du programme fédéral d'entretien des autoroutes et des déductions d'impôts pour les PME.

Au Sénat, la majorité démocrate entend ensuite se concentrer séparément sur d'autres mesures en faveur des sans-emplois, dont une extension des allocations chômage et un plan de développement du secteur tourisme.

La Chambre des représentants qui a déjà adopté en décembre un plan de relance de l'emploi de 154 milliards de dollars, a maintenant la possibilité d'examiner le plan adopté mercredi par le Sénat.

Mais les élus de gauche à la Chambre pourraient s'opposer à la version plus modeste du Sénat. «Le texte approuvé par le Sénat est pour le moins décevant», a indiqué la présidente du groupe des élus noirs Barbara Lee, en précisant que cette approche «lente» fera peu pour résoudre le problème du chômage.

En revanche, il semble peu probable que l'opposition ne soutienne la réforme de la couverture maladie, en dépit des efforts du président Obama qui recevra jeudi les élus républicains et démocrates lors d'un sommet télévisé destiné à sauver ce projet.