L'interdiction faite aux femmes dans l'armée américaine de participer à des combats terrestres est de plus en plus remise en question au sein de l'état-major à la lumière des conflits en Afghanistan et en Irak qui ont exposé, de fait, les femmes soldats au feu ennemi.

«Je crois qu'il est temps de regarder ce que les femmes font vraiment en Irak et en Afghanistan et de réexaminer notre politique», a récemment déclaré le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général George Casey.

Ces commentaires ont coïncidé avec l'annonce par l'armée d'un projet de levée de l'interdiction faite aux femmes de servir dans les sous-marins, jusqu'ici un bastion masculin.

Malgré une politique visant à maintenir les femmes en dehors des unités combattantes, ces dernières ont été confrontées en Irak et en Afghanistan à des insurgés qui ne se battent pas selon des lignes de front traditionnelles. Certaines y ont gagné des médailles récompensant leur bravoure.

Plus de 220 000 femmes ont jusqu'ici combattu en Irak et en Afghanistan pour l'armée américaine, et 120 ont été tuées, selon le Pentagone.

«Mon meilleur interrogateur de combat était une femme soldat, mon meilleur mécanicien de char était une femme soldat», souligne John Nagl, un ancien lieutenant-colonel qui a combattu en Irak, expliquant à l'AFP qu'il lui a fallu surmonter des obstacles administratifs pour leur permettre d'occuper ces postes.

Président du centre de réflexion Center for New American Security, John Nagl pense que des règles écrites dans les années 1990 pour définir le rôle des femmes dans l'armée sont obsolètes.

Ce sera au ministre de la Défense, Robert Gates, de décider s'il convient de changer d'approche. Son porte-parole, Geoff Morrell, reconnaît que «dans les faits beaucoup de femmes en uniforme participent à des missions de combat chaque jour, qu'elles soient pilotes d'hélicoptères, qu'elles fassent partie du personnel médical ou qu'elles s'occupent du soutien logistique».

Le comportement exemplaire des femmes soldats dans la première guerre du Golfe (1990-91) avait mené à une première vague de réformes, les autorisant à participer à des combats aériens et navals.

L'Irak et l'Afghanistan pourraient avoir un effet similaire concernant les combats terrestres, estime Nancy Duff Campbell, coprésidente du cercle de réflexion National Women's Law Center.

Elle souligne que les commandants veulent les meilleurs éléments dans leurs unités, sans considération de sexe, et qu'il est temps d'imposer «des règles sexuellement neutres».

Mais du côté droit de l'échiquier politique, certains se demandent si envoyer des mères au combat, en particulier des mères célibataires, est une bonne idée. «Quel effet cela fait-il à ces enfants de voir maman partir faire la guerre ?», s'interrogeait récemment l'écrivain Mary Eberstadt dans les colonnes du Washington Post.

Alexis Hutchinson, une mère célibataire travaillant dans l'armée de Terre, a récemment défrayé la chronique en refusant un déploiement en Afghanistan, expliquant que personne ne pouvait s'occuper de son bébé. Elle a été inculpée au pénal avant que les charges contre elle ne soient abandonnées.

La levée de l'interdiction qui leur est faite de participer aux combats au sol n'est qu'une question de temps, pour John Nagl, car il s'agit «simplement de reconnaître une vérité qui a déjà été écrite sur le champ de bataille en lettres de sang et de sueur».