L'ambiance est électrique dans la salle d'apparat de la Maison Blanche, et alors que le président Barack Obama signe enfin la réforme de l'assurance maladie, le vice-président Joe Biden résume à sa manière l'euphorie du moment: «quelle putain d'histoire!»

L'exclamation sincère mais très peu protocolaire de M. Biden, connu pour ses gaffes, faisait mardi le bonheur des réseaux sociaux sur internet, des blogs et des télévisions d'information américaines où tout écart de langage peut être sanctionné par la FCC, le gendarme des ondes.

M. Biden a prononcé la phrase fatidique après avoir rendu un hommage très appuyé au président Obama en introduction à la cérémonie de signature, sous les lustres en cristal et les dorures de la vénérable «East Room», lieu emblématique de plusieurs actes de l'histoire politique américaine comme la signature il y a 46 ans de la loi sur les droits civiques par Lyndon Johnson.

Soufflées à l'oreille de M. Obama, les paroles vice-présidentielles auraient pu passer inaperçues. C'était sans compter sans les micros ouverts et l'ouïe fine de journalistes dans la salle qui se sont empressés de les retransmettre via leurs comptes Twitter.

Le porte-parole de la Maison Blanche a utilisé le même canal pour reconnaître implicitement l'écart de M. Biden.

«Oui, M. le vice-président... vous avez raison», a écrit Robert Gibbs peu après la cérémonie dont l'atmosphère festive contrastait avec les moments de tension et de découragement qui ont marqué le processus d'adoption d'une loi ayant mobilisé les énergies des démocrates pendant toute une année.

Signe du soulagement général, deux jours après l'adoption à une majorité étroite de ce plan qui va permettre à 32 millions d'Américains supplémentaires de bénéficier d'une couverture maladie, des élus démocrates entassés dans la salle se tapaient dans le dos et s'embrassaient. Certains prenaient même des photos de groupe devant le pupitre frappé du sceau présidentiel.

Au même endroit quelques minutes plus tard, Barack Obama, rayonnant et plusieurs fois ovationné, a une nouvelle fois galvanisé ses troupes en affirmant que les Etats-Unis «ne sont pas un pays qui fait ce qui est facile».

Mais il a aussi suscité l'émotion en évoquant le cas de sa propre mère, morte d'un cancer en 1995 et qui avait dû négocier avec les assureurs, un sort que la nouvelle loi vise à épargner aux Américains malades.

S'adressant à la famille de Ted Kennedy, champion de la cause de l'assurance maladie universelle décédé l'été dernier, M. Obama a rappelé avoir vu le sénateur «dans cette pièce il y a un an, l'une de ses dernières apparitions en public. Et c'était dur pour lui».

«Mais il était certain que nous ferions ce qui était juste», a ajouté le président.