La Cour suprême américaine a suspendu hier soir l'exécution d'un homme à une heure de préavis. Henry Skinner, 47 ans, devait subir une injection létale dans un pénitencier du Texas pour un triple meurtre survenu en 1993. Convaincus de son innocence, des experts des quatre coins du monde, dont des Montréalais, s'étaient mobilisés pour empêcher sa mise à mort.

Skinner, surnommé Hank, a été informé de son sursis par un coup de fil de son avocat alors qu'il se trouvait dans une petite cellule à quelques mètres de la pièce où il devait être exécuté. «Je m'étais convaincu que j'allais mourir», a-t-il déclaré à l'agence américaine The Associated Press. «Je suis profondément soulagé. J'ai l'impression d'avoir vraiment gagné aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Le détenu a toujours nié sa participation dans le meurtre de sa compagne, Twila Jean Busby, 40 ans, et des deux fils de celle-ci, Elwin Caler, 22 ans, et Randy Busby, 20 ans. Il pense que des analyses d'ADN lui permettront de se disculper.

De nombreux opposants à la peine de mort aux États-Unis ainsi que sa femme, une Française, s'étaient mobilisés pour réclamer des analyses génétiques qui pourraient innocenter cet ancien ouvrier du bâtiment et du secteur pétrolier. L'ambassadeur de France à Washington est également intervenu auprès du gouverneur du Texas pour qu'il accède à sa demande d'un complément d'enquête.

«Je suis impatient de réaliser les tests ADN pour prouver mon innocence et sortir de cet enfer», a affirmé Skinner.

Au Québec, une chargée de cours à l'École de criminologie à l'Université de Montréal, Laura Aubert, militait depuis janvier pour s'opposer à son exécution. En plus de relayer des pétitions, la sociologue cosignait un blogue avec un collègue pour sensibiliser le public à cette affaire.

«Je suis extrêmement émue, je ressens beaucoup d'émotion», a-t-elle déclaré à La Presse en soirée. «La nouvelle est tombée à 18h10 alors qu'il devait être exécuté à 19h01. Honnêtement, à cette heure-là je n'y croyais plus, et ce, même si la pétition pour s'opposer à sa mise à mort était passée de 600 à 6000 noms en quelques jours.»

Le report de l'exécution de Hank Skinner ne garantit pas qu'il pourra faire pratiquer les analyses d'ADN. Si le tribunal rejette sa requête, une autre date sera fixée pour son exécution. «J'ai bon espoir que nous allons les obtenir, a précisé Laura Aubert. Notre combat ne se terminera que lorsqu'il aura retrouvé la liberté.»