Il y aura bientôt un an, Barack Obama prononçait à Prague un discours idéaliste - certains l'ont qualifié de naïf - sur sa vision d'un «monde sans armes nucléaires», promettant d'y oeuvrer par la réduction des stocks, l'arrêt des essais ou la lutte contre la prolifération.

Un an plus tard, presque jour pour jour, le président américain devrait retourner dans la capitale tchèque pour signer avec son homologue russe Dmitri Medvedev un nouvel accord sur le désarmement nucléaire devant succéder au traité START arrivé à échéance le 5 décembre dernier. Un journal praguois a précisé que la cérémonie de signature pourrait avoir lieu aux alentours des 7 et 8 avril.

«L'ambassadeur de Russie Alexeï Fedotov a informé le président tchèque Vaclav Kaus de l'intention des présidents de Russie et des États-Unis de signer l'accord START sur le désarmement nucléaire à Prague», a annoncé le cabinet du président tchèque dans un communiqué mercredi. «Le président a exprimé au nom de la partie tchèque son accord avec la proposition russe et américaine.»

Ni la Maison-Blanche ni le Kremlin n'ont confirmé de manière officielle mercredi le rendez-vous à Prague des chefs d'État américain et russe. Les représentants des deux pays ont cependant indiqué qu'un accord sur un nouveau traité avait été conclu ou était sur le point de l'être.

«Tous les documents requis pour la signature de START ont fait l'objet d'un accord», a dit un responsable du Kremlin à la presse sous le couvert de l'anonymat.

«Nous sommes sur le point de signer un accord sur le traité START mais il n'y aura pas d'accord tant que le président Obama et son homologue Medvedev n'auront pas eu l'occasion de se parler», a pour sa part déclaré Robert Gibbs, porte-parole de la Maison-Blanche.

«Ils vont sans doute se parler dans les prochains jours», a-t-il ajouté.

Les présidents Obama et Medvedev s'étaient entendus en juillet dernier sur l'objectif de réduire le nombre de têtes nucléaires dans la fourchette de 1500 à 1675 pour chacun des pays et le nombre de vecteurs capables de les transporter entre 500 et 1100. Les différends entre les ex-ennemis de la guerre froide portaient sur les arrangements de vérification et de contrôle qui doivent être inclus dans le traité.

Dans en entrevue au quotidien Rossïïskaïa Gazeta, le chef d'état-major russe, le général Nikolaï Makarov, a également évoqué la nécessité «d'obtenir l'accord des États-Unis pour inclure les questions de défense antimissile dans le traité».

Défense antimissile

Le président Obama a annoncé en septembre dernier une «nouvelle approche» du projet de défense antimissile américain en Europe, ayant abandonné celui élaboré par l'administration de son prédécesseur, George W. Bush, qui avait contribué à exacerber les tensions entre la Russie et les États-Unis.

La signature d'un nouveau traité START, aussi modeste soit-il aux yeux des experts, concrétiserait la volonté de l'administration Obama de relancer les relations entre les États-Unis et la Russie. Elle ouvrirait également la voie à d'autres négociations russo-américaines sur le désarmement nucléaire, tout en envoyant un signal aux autres pays.

Sur le plan politique, un tel accord permettrait à Barack Obama de revendiquer une réalisation importante en matière de politique étrangère peu après avoir promulgué sa réforme du système de santé, qui définira probablement sa présidence en matière de politique intérieure.

Le président américain avait prononcé son discours sur un monde dénucléarisé à Prague le 5 avril 2009. Se défendant d'être «naïf», il avait dénoncé le «fatalisme» de ceux qui prétendent qu'on ne peut rien faire contre «l'héritage le plus dangereux» de la guerre froide, à savoir les milliers d'armes atomiques aujourd'hui stockées.

Le président Obama avait également évoqué son souhait d'accueillir aux États-Unis «dans le courant de l'année à venir» un sommet mondial sur la sécurité nucléaire pour empêcher la prolifération des armes ou des matériaux dans ce domaine. Ce sommet doit se tenir les 12 et 13 avril.

En attendant, le président américain a rencontré mercredi à la Maison-Blanche les deux sénateurs les plus importants de la commission des Affaires étrangères du Sénat, le démocrate John Kerry du Massachusetts et le républicain Richard Lugar d'Indiana, histoire de faire le point avec eux sur les négociations sur le traité START.

Avant d'entrer en vigueur, un traité sur le désarmement nucléaire devrait être ratifié par le Sénat américain et le Parlement russe.