Des astronautes américains se poseront sur Mars avant que Barack Obama ne quitte le monde des vivants. C'est du moins la prédiction que le président américain a faite hier en dévoilant sa stratégie de poursuite du programme spatial américain.

«Vers le milieu des années 2030, je pense que nous pourrons envoyer des hommes en orbite autour de Mars et les faire revenir sains et saufs sur Terre», a déclaré le président Obama lors d'un discours au Centre spatial Kennedy à Cap Canaveral, en Floride.

 

«Suivra une arrivée sur le sol de Mars. Et je m'attends à être là pour la voir», a ajouté celui qui célébrera son 49e anniversaire de naissance en août.

La prédiction audacieuse du président se voulait une réponse aux critiques qu'ont formulées certains pionniers du programme Apollo, dont Neil Armstrong, premier homme à avoir foulé le sol de la Lune en 1969, selon lesquelles le chef de la Maison-Blanche a condamné le programme spatial américain à la «médiocrité» en annulant le programme Constellation. Lancé en 2004 par George W. Bush, ce programme devait permettre aux Américains de faire un retour sur la Lune en prélude à la conquête de Mars.

«Je comprends que certains croient que nous devrions entreprendre un retour à la surface de la Lune d'abord, comme cela avait été prévu auparavant, a dit Barack Obama. Mais, disons-le franchement, nous y sommes déjà allés. Buzz (Aldrin) y est déjà allé. Il y a bien davantage d'espace à explorer.»

Contrairement à Neil Armstrong et à deux autres anciens astronautes du programme Apollo, Buzz Aldrin, deuxième homme à avoir marché sur la Lune, appuie avec enthousiasme le plan d'exploration spatiale du président. Il était d'ailleurs à ses côtés hier au Centre spatial Kennedy.

Avant l'envoi de missions habitées autour de Mars, le plan du président Obama prévoit, au début de la prochaine décennie, des vols d'essai qui testeront les dispositifs nécessaires pour une exploration au-delà de l'orbite terrestre basse.

«Et vers 2025, nous espérons que de nouveaux vaisseaux spatiaux pourront nous permettre d'envoyer des missions habitées au-delà de la Lune, dans l'espace sidéral, a précisé le président. Nous commencerons en envoyant des astronautes sur un astéroïde pour la première fois dans l'histoire.»

Construction d'une fusée

Dans une lettre ouverte qu'ont cosignée les anciens astronautes James Lovell et Eugene Cernan, Neil Armstrong a dénoncé mardi l'abandon du programme Constellation, tout en déplorant que «le seul chemin des Américains vers l'orbite terrestre basse et la Station spatiale internationale soit désormais soumis à un accord avec la Russie», à qui il faudra acheter un siège à bord de Soyouz.

«Pour les États-Unis, qui dominaient l'exploration spatiale depuis près d'un demi-siècle, ne pas avoir les moyens de lancer une exploration humaine de l'espace pendant une période indéterminée nous condamne à devenir un pays de second, voire de troisième rang», a écrit l'astronaute.

L'annulation du programme Constellation, qui accusait un sérieux retard et reposait sur une technologie dépassée, a été annoncée en février, près d'un an avant le retrait des navettes spatiales américaines. La nouvelle approche de Barack Obama misera sur la conception de lanceurs commerciaux pour transporter à moindre coût les astronautes à la Station spatiale internationale. Selon le président, ce plan devrait créer au moins 2500 emplois dans la région de Cap Canaveral d'ici à 2012.

Le président a néanmoins fait une concession à ses critiques en annonçant l'accélération de la construction, dès 2015, d'une fusée de grande puissance pour transporter les astronautes et leurs équipements au-delà de l'orbite terrestre. Il s'est également engagé à préserver la capsule Orion du programme Constellation, dont la NASA pourra se servir comme véhicule de secours amarré à la Station spatiale internationale.