La marée noire provoquée par le naufrage le 22 avril d'une plate-forme pétrolière dans le golfe du Mexique menaçait jeudi de polluer les fragiles marais de Louisiane, la fuite relâchant cinq fois plus de pétrole qu'estimé initialement.

Une semaine après l'accident, les garde-côtes américains ont annoncé tard mercredi la découverte d'une nouvelle fuite, estimant à «plus de 5 000 barils par jour» (800.000 litres) le volume de pétrole se déversant dans la mer. Le gouverneur de Louisiane Bobby Jindal a demandé aux autorités fédérales une aide d'urgence pour protéger les côtes, faisant état d'informations «selon lesquelles une partie de la nappe s'apprête à toucher les côtes de Louisiane plus tôt que prévu», menaçant son fragile écosystème d'une catastrophe majeure.

Une portion de la nappe de pétrole, qui atteint 965 km de circonférence, s'est séparée et pourrait toucher directement une réserve naturelle sur la côte de Louisiane jeudi en raison de vents forts, a-t-il dit en citant des informations de l'Agence américaine des océans et de l'atmosphère (NOAA).

«Notre priorité absolue est de protéger nos citoyens et l'environnement. Ces moyens sont primordiaux pour atténuer l'impact de la marée noire sur nos côtes», a déclaré le gouverneur.

«Nous avons trouvé une nouvelle fuite», a confirmé Michael Abdenhoff, un porte-parole de la compagnie pétrolière BP, qui exploitait la plate-forme, mais «elle est en amont des deux fuites déjà présentes. Nous pensons que le volume (de pétrole) qui s'échappe reste inchangé».

Des barrages flottants ont été déployés sur 20 milles nautiques au large de la côte de Louisiane pour tenter de contenir le pétrole. Mais, selon le gouverneur, c'est insuffisant et il faudrait en déployer encore plus.

Les autorités ont aussi recours à une autre technique: pour tenter de contenir la progression de la marée noire, des équipes d'intervention ont enflammé mercredi une portion de la nappe.

Une flottille déployée par les garde-côtes et BP a d'abord comprimé une portion de la nappe en l'emprisonnant dans des barrages flottants. Un «petit flotteur» a ensuite été envoyé à l'intérieur et a été enflammé avec succès, selon les gardes-côtes.

Mais un changement de la direction des vents menaçait d'annuler les effets de cet essai d'incendie «contrôlé».

Par le passé, des tentatives similaires avaient réussi à brûler 50 à 90% du pétrole emprisonné. Les équipes ont l'intention de recommencer à allumer ces incendies dans les jours qui viennent.

Le but de l'opération est de protéger l'écosystème des côtes de la Louisiane. La plate-forme Deepwater Horizon, propriété de la société Transocean, contenait 2,6 millions de litres de pétrole et extrayait près de 1,27 million de litres par jour.

Elle a coulé après une explosion et un incendie survenus le 20 avril. Onze personnes sont portées disparues.

Les marais côtiers de la Louisiane constituent un sanctuaire pour la faune, en particulier les oiseaux aquatiques, et les autres États de la région, la Floride, l'Alabama et le Mississippi notamment, craignent que la nappe de pétrole ne souille leurs plages et ne pollue les pêcheries, cruciales pour l'économie locale.

La mise à feu de la nappe de brut pourrait présenter des dangers pour l'environnement: elle risque de projeter dans l'atmosphère d'immenses bouffées d'une épaisse fumée noire et de libérer dans la mer des déchets visqueux.

L'agence de protection de l'environnement (EPA) devait contrôler la qualité de l'air tout au long des opérations et des responsables ont assuré que si les normes de sécurité étaient transgressées, les opérations seraient interrompues.

Les efforts de BP pour colmater les fuites avaient échoué mardi, malgré l'utilisation de quatre bras robotiques opérant par 1.500 mètres de fond. Et les ingénieurs se démènent pour construire un large couvercle sous-marin destiné à endiguer la fuite.

BP envisage également de forer des conduits de secours destinés à injecter un enduit spécial pour boucher définitivement le puits, mais cela pourrait prendre deux à trois mois.