L'amélioration des conditions météorologiques a facilité lundi la tâche des équipes luttant contre la marée noire dans le Golfe du mexique, où l'exploitant BP, s'apprête à lancer une opération sans précédent pour contenir les fuites.

«Nous comptons embarquer demain le couvercle de confinement que nous espérons pouvoir installer d'ici une semaine» sur les fuites, a déclaré Doug Suttles, le chef des opérations de la compagnie pétrolière britannique BP qui exploite la plateforme Deepwater à l'origine de la marée noire.

Cette chape de confinement de 70 tonnes à poser sur le fond de l'océan est la première des trois qui vont être installées «sur les fuites pour nous permettre de récupérer le pétrole et de l'aspirer grâce à un bateau de forage, l'Enterprise, situé à la surface», a-t-il détaillé.

Pendant trois jours, des vents forts et une mer houleuse ont empêché les équipes d'intervention de tenter d'endiguer la nappe de brut qui s'étend désormais sur plus de 200 km de long et 110 de large.

Des équipes ont déjà testé une nouvelle technique qui consiste à injecter du dispersant dans le pétrole dès qu'il se répand dans l'eau, avant même qu'il ne rejoigne la surface, «avec des résultats encourageants», selon un communiqué de l'administration américaine.

Près de 200 bateaux se trouvent aux abords de la nappe, des dizaines de kilomètres de barrages flottants ont été déployés et près de quatre millions de litres d'eau et de pétrole ont été récupérés, a précisé le communiqué.

Depuis qu'elle a sombré le 22 avril à quelque 70 km des côtes américaines, faisant onze morts, la plateforme «Deepwater» relâche chaque jour quelque 800.000 litres de pétrole.

Et avec le changement de la direction des vents, les plages touristiques de la Floride étaient fortement menacées par la progression de la nappe.

Quatre-vingt détenus d'une prison de Louisiane (sud) que l'État va envoyer aux avant-postes ont d'ailleurs eu droit lundi à un exposé sur le démazoutage d'oiseaux avec force photos, diagrammes et statistiques.

Les garde-côtes envisagent aussi d'installer des stations de nettoyage pour les cargos remontant le Mississippi afin d'éviter qu'ils ne traînent du pétrole dans une des voies navigables les plus empruntées au monde.

Les autorités prévoient par ailleurs d'ouvrir une deuxième base aérienne pour faire décoller les avions chargés de répandre les produits chimiques dispersants sur la nappe qui a commencé à toucher jeudi des îlots situés au large du delta du Mississippi en Louisiane.

Alors que la pression de Washington s'accentuait, BP a annoncé lundi qu'il débloquait une enveloppe de 25 millions de dollars pour les États américains qui vont être touchés par la marée noire et qu'il assumerait «tous les coûts nécessaires et appropriés de nettoyage».

Le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs a insisté lundi sur la responsabilité du groupe. «Nous allons rester la botte appuyée sur la gorge de BP pour s'assurer que le groupe fait le nécessaire pendant que nous faisons tout ce qui est humainement possible pour gérer cet incident», a-t-il prévenu.

Le président Barack Obama avait déjà incriminé le groupe pétrolier dimanche au cours d'une visite sur les côtes de Louisiane: «BP est responsable de cette fuite. BP paiera», avait-il dit.

Les autorités américaines ont en outre annoncé lundi la création d'une commission chargée d'examiner la sécurité des opérations à bord des plateformes pétrolières et de renforcer les contrôles des équipements.

Autre conséquence de la marée noire, le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger s'est déclaré lundi opposé aux forages pétroliers au large de la Californie, qu'il soutenait résolument jusqu'alors.