Dans la petite ville paisible de Bridgeport, à une heure et demie de New York, les voisins de Faisal Shahzad ont découvert mardi avec stupeur que cet homme d'une extrême discrétion était l'auteur présumé de l'attentat manqué commis samedi à Times Square.

«J'ai été choquée, effrayée, parce que nous n'imaginions pas qu'il y avait quelqu'un dans notre arrière-cour qui faisait cela, qui planifiait cela», a dit à l'AFP Lavonne Muse, une voisine de cet Américain né au Pakistan, arrêté lundi soir alors qu'il cherchait à quitter les Etats-Unis et qui a reconnu son implication dans la tentative d'attentat.

Il va être poursuivi notamment pour «acte de terrorisme dépassant les frontières nationales», selon les autorités.

Les agents de la police fédérale (FBI) ont fait irruption mardi à l'aube dans cette paisible cité peu prospère du Connecticut à environ 100 km au nord-est de Manhattan, pour mener un raid dans une modeste maison en bois de trois étages, rue Sheridan.

Leur perquisition s'est achevée peu après 14h00 lorsqu'un camion du FBI stationné devant le bâtiment a quitté les lieux, après avoir emmené divers objets saisis au domicile du suspect.

Bridgeport est une localité d'environ 130 000 habitants, où le revenu par habitant est inférieur à la moyenne nationale et où un quart de la population est étrangère. Des dizaines de journalistes affluaient mardi dans cette petite ville arrachée en un instant à l'anonymat.

Faisal Shahzad, habitait officiellement au deuxième étage du bâtiment, mais peu de ses voisins se souviennent de l'avoir croisé dans les environs. L'homme, qui serait âgé de 30 ans, faisait mardi la Une des chaînes d'informations américaines qui diffusaient en boucle des photos où il apparaît souriant, portant un collier de barbe, les cheveux courts.

«Ils sont en train de rénover le lieu. Nous n'avons jamais imaginé qu'il y avait des gens qui y vivaient. Mais ils étaient là avec sa femme et un enfant», a expliqué Mme Muse, contrainte par les forces de l'ordre à évacuer sa propre maison au milieu de la nuit.

Les agents du FBI ont bouclé la zone, repoussant la presse à l'écart dans une zone située derrière le bâtiment pour éviter les regards indiscrets pendant leurs opérations.

D'autres voisins, Afro-américains comme Mme Muse, font part de leur étonnement: «Je ne connaissais pas ce type et cela me surprend parce que je vis juste à côté de chez lui et je ne l'ai jamais vu», a dit Janine Crockett.

L'employé de l'épicerie du quartier, «Future Market», lui, a bien croisé le suspect à plusieurs reprises et pas plus tard que la semaine dernière. «Il venait acheter des cigarettes. Il entrait, faisait ses achats et repartait», a dit cet employé, Rafael Santos.

Marilyn Osoria, une Portoricaine qui vit depuis dix ans dans le quartier, rapporte que son fils de 19 ans a vu Faisal Shahzad à l'été 2009 alors que ce dernier livrait des caisses à son domicile.

«En août dernier, un jour de forte chaleur, il attirait l'attention parce qu'il portait une tenue musulmane», a-t-elle rapporté. «Ce jour là, le monsieur a débarqué des caisses de sa camionnette avec un jeune garçon de 16 à 17 ans.

Ils ont entamé une discussion avec mon fils, mais il ne s'est rien passé de spécial: ils ont continué à décharger leurs caisses».