Les élus des villes californiennes de San Francisco et Los Angeles se sont prononcés à une forte majorité pour le boycott économique de l'Arizona (sud-ouest), après l'adoption dans cet État d'une loi controversée sur l'immigration qui introduit selon eux des contrôles au faciès.

À San Francisco, la résolution non-contraignante adoptée mardi à 10 voix contre 1 appelle la ville à s'abstenir de signer de nouveaux contrats avec des entreprises basées en Arizona et à revoir ceux déjà en vigueur, ainsi qu'à éviter d'envoyer des responsables municipaux à des conférences dans l'État.

«Il s'agit d'envoyer un message très clair pour dire que quand un État adopte une loi aussi injuste que celle-ci, les personnes de conscience dans d'autres endroits du pays ont l'obligation, la responsabilité de réagir et de ne pas rester silencieux», a dit l'élu municipal David Campos, à l'origine de la mesure, précisant que d'autres villes américaines envisageaient des actions similaires.

Jan Brewer, la gouverneure républicaine de l'Arizona, État frontalier du Mexique, a promulgué le 23 avril cette loi controversée, qui autorise notamment la police à contrôler le statut migratoire en cas de «doute raisonnable». Les opposants au texte y voient une légalisation du délit de faciès.

À Los Angeles, le conseil municipal a adopté par 13 voix contre 1 un boycott similaire, gelant tous les déplacements pour affaires en Arizona, et demandant aux chefs des services municipaux de ne plus faire travailler d'entreprises basées en Arizona, lorsque c'est légalement possible.

Le conseil a également ordonné un examen de tous les contrats existants, afin de déterminer ceux qui pourraient être résiliés sans délai.

Selon le contrôleur financier de la ville, Los Angeles a actuellement quinze contrats en cours avec des entreprises basées en Arizona, pour un budget de 7,7 millions de dollars.

Deux concessions de la ville - les services de l'eau et de l'électricité, et l'aéroport de Los Angeles - font également affaire avec l'Arizona, pour 51,8 millions de dollars, mais la ville ne les contrôle pas directement et ne peut que leur recommander d'appliquer le boycott.

L'un des conseillers municipaux, Ed Reyes, a affirmé lors du débat sur le vote: «Je ne peux plus aller en Arizona sans passeport. Si je croise un policier dans un mauvais jour, qui trouve que la photo sur ma carte d'identité ne me ressemble pas, il peut sommairement m'expulser, sans que je puisse rien faire. Ce n'est pas (un comportement) américain».

Le texte, qui a provoqué une levée de boucliers, est populaire en Arizona, devenu l'un des principaux points d'entrée des immigrés illégaux aux États-Unis. Au niveau national, elle a le soutien de 59% de la population, selon un sondage publié mercredi par le Pew Research Center.