Meg Whitman veut succéder à Arnold Schwarzenegger et devenir la première femme à gouverner la Californie. Et l'ex-présidente d'eBay a les moyens de ses ambitions.

Quand Meg Whitman est arrivée à la tête d'eBay, en 1998, la petite entreprise de Silicon Valley ne comptait que 30 employés et avait un chiffre d'affaires de 4 millions de dollars. Le site était si instable qu'il plantait plusieurs fois par jour.

Dix ans plus tard, quand Mme Whitman a quitté eBay, l'entreprise était devenue un acteur important du web, comptait plus de 15 000 employés et déclarait des revenus de 8 milliards.

C'est ce dynamisme que la nouvelle candidate républicaine promet de transmettre à l'État de la Californie si elle est élue gouverneure l'automne prochain.

«Silicon Valley n'est à qu'à 200 km de Sacramento, mais vu d'ici, ça semble à des années-lumière», a-t-elle dit, hier, dans un rassemblement partisan au Musée de la technologie de San Jose.

La campagne promet d'être intéressante : son adversaire démocrate, Jerry Brown, semble n'avoir aucun point en commun avec elle. Gouverneur de la Californie de 1975 à 1983, Brown se présente comme un candidat frugal et peu éclatant.

«À eBay, Mme Whitman s'est voté un salaire de 120 millions, puis l'entreprise a mis 10% des gens à la porte. Est-ce une bonne façon de combattre l'abus ?» a dit M. Brown cette semaine.

À égalité

Un sondage Rasmussen dévoilé hier place les deux candidats à égalité, avec 45 % des intentions de vote. Plusieurs analystes ont noté que ces résultats étaient décevants pour Mme Whitman, qui a dépensé 81 millions de dollars en publicité dans les derniers mois, alors que son rival a investi moins de 400 000 $.

Jaime A. Regalado, directeur de l'Institut d'études politiques de la California State University, attribue l'ascension de Mme Whitman à son dynamisme et aux réserves inépuisables d'argent que lui garantit sa fortune personnelle.

«De mon point de vue, c'est à la fois incroyable et préoccupant, dit-il. Incroyable, parce que ce sont des sommes faramineuses. Préoccupant, car c'est l'illustration qu'une personne qui a des millions peut se payer une crédibilité instantanée.»

Mme Whitman a commencé à s'intéresser à la politique en 2007, lorsqu'elle s'est jointe à la campagne présidentielle de Mitt Romney. Elle a depuis admis qu'elle n'avait jamais voté de sa vie pour un président ou un gouverneur.

La candidate est en faveur du droit à l'avortement mais contre le mariage gai. Elle est également opposée à toute forme d'amnistie pour les immigrés illégaux, une position qui pourrait lui coûter des votes chez les latinos, qui représentent plus du tiers de la population de la Californie.

Selon M. Regalado, l'inexpérience politique - parfois vue comme un avantage - est souvent problématique dans l'exercice quotidien du pouvoir.

«Les problèmes de la Californie sont des problèmes structuraux. Pour espérer les régler, un politicien a besoin d'alliés solides et d'un réseau politique bien ficelé. Mme Whitman n'a rien de tout cela, et elle admet ne s'être jamais vraiment intéressée à la politique avant aujourd'hui. C'est ce qui me préoccupe.»