Le général Stanley McChrystal, commandant des forces internationales en Afghanistan, se moque du vice-président américain Joe Biden et se dit «trahi» par l'ambassadeur à Kaboul, selon ses propos cités dans un portrait que lui consacre le magazine Rolling Stone.

Les tensions entre le général McChrystal et la Maison-Blanche apparaissent en plein jour dans cet article paru lundi.

Selon les propos retranscrits dans l'article, le général s'y moque du vice-président américain Joe Biden, connu pour son scepticisme face à sa stratégie en Afghanistan. «Vous allez m'interroger sur Joe Biden?», demande-t-il en riant. «Qui est-ce?»

«Biden», reprend un de ses conseillers. Le général s'appuie alors sur le nom du vice-président américain pour se fendre d'un jeu de mot, demandant: «vous avez dit: Bite Me? (va te faire voir, en anglais)».

Le général McChrystal dit aussi s'être senti «trahi» par l'ambassadeur américain à Kaboul, Karl Eikenberry, l'an dernier lors d'un débat à la Maison Blanche sur la stratégie en Afghanistan.

A propos d'une note interne de M. Eikenberry qui avait fait l'objet d'une fuite et qui remettait en cause la demande de renforts du général McChrystal, celui-ci commente: «voilà quelqu'un qui veut couvrir ses arrières pour les livres d'histoire. Comme cela, si nous échouons, il pourra dire: "je vous l'avais bien dit"».

L'article revient aussi sur les frictions apparues entre l'armée et la Maison-Blanche à l'automne dernier au moment où le président Barack Obama mûrissait sa décision concernant l'envoi de renforts massifs en Afghanistan, comme le réclamait le général McChrystal.

Bien que le président américain lui ait finalement accordé une bonne partie de ce qu'il demandait, le général dit avoir trouvé cette période «pénible».

Un de ses conseillers ajoute sous le couvert de l'anonymat que le général n'a pas retiré une bonne impression d'une rencontre avec M. Obama à la Maison-Blanche juste après que celui-ci l'eut nommé à la tête des opérations en Afghanistan.

«C'était une rencontre de 10 minutes pour la photo», selon ce conseiller. «Obama ne savait rien de lui, de qui il était (...) il n'avait pas l'air très concerné», poursuit-il. «Le patron a été très déçu».

Dans l'article, le général quatre étoiles dénigre aussi l'envoyé spécial américain pour l'Afghanistan et le Pakistan, Richard Holbrooke. «Oh, un autre email de Holbrooke», dit-il en regardant son téléphone portable. «Je ne veux même pas l'ouvrir».

Dans une chambre d'hôtel parisienne, il se plaint de devoir dîner avec un ministre français qui n'est pas nommé.

«Comment est-ce que je me suis laissé baiser pour participer à ce dîner?», demande-t-il à son entourage. Son aide, le colonel Charlie Flynn, lui répond que cela fait partie des obligations «qui vont avec la fonction». Et le général McChrystal rétorque: «et ça, ça va avec la fonction ?» en faisant un doigt d'honneur.