Le général Stanley McChrystal n'a pas la réputation d'avoir la langue dans sa poche.

C'est en partie ce qui a poussé le président Barack Obama à le nommer l'an dernier à la tête des troupes de l'OTAN en Afghanistan.

Or, selon les gens qui le connaissent bien, la propension de McChrystal à dire ce qu'il pense devait, tôt ou tard, lui causer des ennuis.

 

Un ex-militaire de carrière interrogé par le Washington Examiner hier a qualifié McChrystal de «bombe à retardement».

«Tous les gens qui le connaissent bien vous le diront: ce n'était qu'une question de temps avant qu'une telle chose ne survienne. Il parle comme cela constamment. Je suis surpris que ça ait pris autant de temps avant de sortir au grand jour.»

L'homme en rajoute: «Il est probablement l'un des militaires les plus arrogants que je connaisse. Ce n'est pas nécessairement un défaut, mais quand vous jumelez à ça un dédain viscéral pour les civils, cela donne une combinaison dangereuse.»

Stanley McChrystal est né en 1954 dans une famille militaire. Son père, le major Herbert McChrystal, a fait carrière dans l'armée, notamment en Allemagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Avant d'être nommé en Afghanistan, Stanley McChrystal était responsable des opérations spéciales de l'armée, un groupe qui opère dans l'ombre et dont la tâche est de traquer et de tuer des terroristes. Sous sa direction, l'armée a réussi à tuer le chef d'Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab Al-Zarqaoui.

En 2004, McChrystal a été critiqué pour son rôle dans la campagne de désinformation entourant la mort du caporal Pat Tillman. Ancien joueur de football professionnel, Tillman a été tué en Afghanistan, quand des collègues ont tiré sur lui par méprise. McChrystal et huit autres officiers de haut rang ont été cités après avoir véhiculé une fausse histoire pour cacher les circonstances tragiques du décès, mais l'armée n'a pris aucune mesure contre eux.

L'an dernier, la mère de Tillman, Mary Tillman, une militante antiguerre bien connue, a écrit au président Obama pour l'implorer de ne pas choisir M. McChrystal comme chef de mission en Afghanistan. Sa lettre est restée sans réponse.

Depuis son arrivée en Afghanistan, McChrystal a aussi été vu comme un modéré. L'une de ses premières décisions a été de limiter le nombre de bombardements menés par ses troupes.

McChrystal n'a semble-t-il pas d'atomes crochus avec le président Obama, selon ce qu'écrit Michael Hastings dans son papier du Rolling Stone, qui a lancé le scandale, hier.

«Même s'il a voté pour lui, McChrystal et le président n'ont pas eu un bon contact. Lors de leur première rencontre de travail au Pentagone peu après la prestation de serment d'Obama, McChrystal a trouvé que le nouveau président «paraissait mal à l'aise et intimidé» en présence de la haute direction de l'armée.»

Leur première rencontre privée, quatre mois plus tard, n'a pas dissipé ses doutes. Un conseiller de McChrystal raconte: «Obama ne connaissait rien du général, de sa carrière. Il n'avait pas l'air concerné. Mon patron a été très déçu.»