Le président américain Barack Obama, en position délicate avant les élections législatives de novembre, se jette dans la bataille en maniant une ironie nouvelle contre ses adversaires.

Cette arme, rarement employée contre les républicains pendant la campagne présidentielle de 2008, le président démocrate l'a passée au banc d'essai cette semaine, pendant deux jours au contact de «ses» candidats dans l'Ouest américain.

Pour mieux accuser l'opposition d'extrémisme et d'incompétence, il a moqué par exemple les excuses adressées par un parlementaire de ce parti à... BP, après la marée noire dans le Golfe du Mexique.

Et il a accablé de sarcasmes le chef de file des représentants républicains, qui avait comparé les efforts de l'administration pour sauver l'économie à l'usage d'une arme nucléaire pour écraser une fourmi.

«Il faudrait faire un film, La fourmi qui avait mangé l'économie, a lancé le président lors d'un meeting de soutien à un candidat démocrate à Las Vegas, au Nevada.

Sur l'économie encore, qui s'annonce comme le grand terrain d'affrontement de novembre, Barack Obama a appelé les Américains à trancher entre «la politique qui nous a mis dans ce pétrin, et la politique qui est en train de nous en sortir».

Relayant l'offensive, David Axelrod, le principal conseiller de la Maison Blanche, a accablé dimanche un parti républicain dont «la théorie économique a été testée, et nous a conduit à la catastrophe».

«Les gens doivent décider», a-t-il ajouté: «Veulent-ils aller de l'avant, ou bien en arrière ?».

Les élections de l'automne vont intervenir à mi-mandat pour le président. Elles concerneront les 435 représentants et le tiers des 100 sénateurs.

Si leur issue semble encore très incertaine, les sondages sont peu encourageants pour la majorité démocrate. Ils font planer la perspective d'une reprise de la Chambre des représentants par les républicains, tandis qu'au Sénat, l'avance des démocrates risque de se voir réduite au minimum.

Un tel scénario permettrait à l'opposition de bloquer le programme encore chargé des réformes souhaitées par le président.

Les démocrates souffrent de la reprise encore molle de l'économie.

L'électorat jeune et multiculturel qui avait porté M. Obama à la Maison Blanche peine aussi à se mobiliser, son champion ne figurant pas cette fois sur le bulletin de vote.

La cote de popularité du président s'établit sous les 50%, au plus bas depuis son élection en novembre 2008.

Le moral des électeurs est parallèlement affecté par un chômage qui frise encore les 10%, le cours en berne des actions, l'interminable guerre d'Afghanistan et la pire marée noire de l'histoire américaine.

Ce niveau de mécontentement préoccupe en réalité les sortants des deux grands partis.

Nombre de républicains, notamment, s'inquiètent de l'émergence de la frange ultra-conservatrice «Tea Party».

Celle-ci rencontre un grand succès parmi la base républicaine, en attaquant sans nuance le «trop d'État» que serait l'administration Obama.

Aux primaires, la «Tea Party» a déjà fait des victimes parmi les poids lourds du parti d'opposition.

Certains analystes estiment pourtant que les candidats républicains issus de la «Tea Party» - une appellation issue de la guerre d'indépendance contre les Britanniques - souffriront en novembre, face à des démocrates qui seront plus proches du sacro-saint centre de l'échiquier politique.