Héritier d'une guerre à laquelle il s'était opposé dès octobre 2002, Barack Obama a tenté mardi d'effectuer une acrobatie politique à haut degré de difficulté: célébrer la fin officielle de la mission de combat des États-Unis en Irak ainsi que la réalisation d'une promesse électorale, tout en remerciant les troupes américaines pour leur rôle dans un conflit qu'il a déjà qualifié de «stupide».

S'adressant d'abord aux soldats de la base militaire de Fort Bliss au Texas et plus tard à l'ensemble de ses compatriotes, du bureau Ovale de la Maison-Blanche, le président démocrate s'est bien gardé de crier victoire ou de dérouler la bannière «Mission accomplie» de son prédécesseur républicain. Sur un ton sobre, il a plutôt invité les Américains à «tourner la page» sur «ce chapitre remarquable de l'histoire des États-Unis et de l'Irak» afin de pouvoir mieux affronter leurs problèmes économiques.

«Ce soir, j'annonce que la mission de combat en Irak est terminée. L'opération "Liberté en Irak" est terminée, et les Irakiens sont désormais responsables de la sécurité de leur pays. Il s'agissait de ma promesse aux Américains lorsque j'étais candidat à ce poste», a déclaré le président Obama lors de son discours diffusé en direct sur les grandes chaînes de télévision américaines.

Après le retrait des dernières unités de combat en Irak, les effectifs militaires américains dans ce pays sont passés sous la barre des 50 000 soldats. Ceux-ci devraient être partis à la fin de 2011. D'ici là, ils seront chargés de conseiller et d'aider l'armée irakienne.

«Nous avons encore beaucoup de travail pour faire en sorte que l'Irak soit un vrai partenaire», a déclaré Barack Obama lors de son discours à Fort Bliss, où il a notamment exprimé la fierté que lui procure son rôle de chef des forces armées américaines.

À Bagdad, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a accueilli avec optimisme la fin officielle de la mission de combat américaine, estimant que l'Irak était désormais «un pays souverain et indépendant».

«C'est un jour qui restera dans les mémoires de tous les Irakiens», a-t-il dit.

L'économie d'abord

Après avoir évoqué sa conversation téléphonique avec George W. Bush plus tôt dans la journée, Barack Obama a exhorté en soirée ses compatriotes à surmonter leur scepticisme à l'égard de l'autre guerre déclenchée par son prédécesseur, celle d'Afghanistan.

«Nous ne devons jamais perdre de vue ce qui est en jeu, a-t-il dit. Au moment où nous parlons, Al-Qaïda continue à comploter contre nous.»

Mais ce deuxième discours de Barack Obama, du bureau Ovale, lui aura également permis de rappeler le coût de l'invasion de l'Irak qui, a-t-il rappelé, a «conduit à dépenser de vastes ressources à l'étranger en période de budgets» aux États-Unis. Le conflit a aussi coûté la vie à plus de 4400 soldats américains et à d'innombrables civils irakiens.

Désormais, a ajouté le président américain, les États-Unis doivent donner la priorité à leur économie.

«Notre tâche la plus urgente est aujourd'hui de rétablir notre économie et de remettre au travail les millions d'Américains qui ont perdu leur emploi», a-t-il déclaré.