Une plateforme pétrolière a pris feu dans le golfe du Mexique hier, deuxième accident du genre en cinq mois au large des côtes de la Louisiane. Mais cette fois, on ne déplore aucune victime et aucun déversement de pétrole n'a jusqu'ici été officiellement constaté, contrairement à ce que laissait entendre une première annonce.

Les 13 employés de l'entreprise Mariner Energy, à qui appartiennent les équipements, ont en effet survécu à l'accident.

Pour l'instant, les causes et les conséquences de l'explosion qui a engendré l'incendie demeurent imprécises. Toute la journée, hier, le gouvernement américain et Mariner Energy ont diffusé des informations contradictoires.

L'explosion est survenue vers 9h20 sur la plateforme Vermilion Block 380. Quelques heures plus tard, la Garde côtière américaine a annoncé qu'une traînée de pétrole de 1,5 km de long sur une trentaine de mètres de largeur s'était formée près de la plateforme. Elle est revenue sur cette affirmation en fin de journée pour dire que le survol de la zone n'avait pas permis de confirmer qu'il y avait une fuite de pétrole.

«L'incendie est éteint, les hélicoptères des garde-côtes sont sur place et les navires sur place ne signalent aucune nappe visible dans l'eau», a dit en fin de journée le capitaine Peter Troedsson, un responsable des garde-côtes. «Il n'y a pas de traces de fuites, mais nous continuons à enquêter et à surveiller la situation pour être certains que cela ne changera pas», a-t-il ajouté.

Hier, les 13 employés qui travaillaient sur la plateforme au moment de la déflagration ont sauté par-dessus bord après avoir enfilé des combinaisons de survie. Ce sont eux qui auraient remarqué la traînée de pétrole. Ils ont été repêchés par un navire qui passait non loin. Selon la garde côtière, un homme aurait été blessé, alors que la société pétrolière maintient que tous s'en sont tirés indemnes.

Un responsable de la Garde côtière a également précisé que Mariner Energy avait dépêché trois navires de lutte contre les incendies et qu'un autre bateau s'y trouvait déjà. L'incendie a finalement été éteint en fin de journée.

Dans un bref communiqué publié sur son site internet hier matin, Mariner Energy a indiqué qu'au cours de la dernière semaine du mois d'août, 1400 barils de pétrole et 9,2 millions de pieds cubes de gaz naturel avaient été extraits à cet endroit. Selon des documents du ministère de la Sécurité intérieure obtenus par l'Associated Press, la plateforme peut stocker jusqu'à 15 900 L de pétrole.

Le gouverneur de la Louisiane, Bobby Jindal, a affirmé qu'il y avait sept puits actifs reliés à la plateforme. Ils auraient été fermés peu après l'explosion.

Une autre tuile pour l'industrie pétrolière

La plateforme Vermilion Block 380 se trouve à environ 320 km de Deepwater Horizon, dont l'explosion il y a cinq mois a coûté la vie à 11 personnes et engendré l'une des pires marées noires de l'histoire. Elle était installée en eaux peu profondes, soit à un peu plus de 100 m au-dessus du plancher marin. En comparaison, Deepwater Horizon forait par plus de 1500 m de fond.

Bien que la marée noire causée par l'exposition de Deepwater Horizon et l'accident d'hier soient bien différents, Émilien Pelletier, professeur en océanographie chimique à l'Université du Québec à Rimouski, affirme qu'il s'agit d'une autre tuile pour l'industrie pétrolière.

«Après la crise de BP, c'est une autre atteinte à la crédibilité des sociétés pétrolières», a-t-il expliqué à La Presse. «L'un des rares éléments positifs qui sont ressortis de l'accident de Deepwater Horizon, c'est le resserrement des mesures de sécurité. Je pense qu'il s'agit d'un autre exemple qui démontre que l'approche d'autoréglementation de l'industrie ne fonctionne pas, que c'est de la poudre aux yeux.»

Selon le Bureau of Ocean Energy Management, Regulation and Enforcement, 10 accidents ont touché les installations de Mariner Energy dans le golfe du Mexique depuis quatre ans, principalement des incendies et des déversements.

L'American Petroleum Institute rapporte qu'environ 3400 plateformes sont en activité dans le golfe du Mexique. Depuis 2006, le gouvernement américain y a répertorié plus de 500 incendies, selon le New York Times.

Avec l'Agence France-Presse et The Associated Press

INQUIÉTUDE CHEZ BP

British Petrolium (BP) affirme que l'adoption d'une législation qui empêcherait la compagnie d'obtenir de nouveaux permis de forage en haute mer pourrait la priver des fonds nécessaires pour payer le coût des dégâts liés à la marée noire dans le golf du Mexique. Selon le New York Times, les administrateurs de BP sont préoccupés par un projet de loi récemment déposé à la Chambre des représentants. L'un des amendements de ce projet de loi prévoit que les compagnies où plus de 10 employés sont morts n'auraient pas accès à de nouveaux permis. Les entreprises qui ont reçu plus de 10 millions de dollars d'amendes au cours des sept dernières années ne pourraient également pas obtenir de permis. D'après le quotidien new-yorkais, BP serait la seule compagnie qui répond à ces critères et donc la seule visée par cette nouvelle législation. Rappelons que BP s'est engagée à investir 20 milliards de dollars dans un fonds à la suite du naufrage de la plateforme Deepwater Horizon, en avril dernier.