Le pasteur d'un groupuscule religieux américain a menacé jeudi de revoir sa décision de ne pas brûler le Coran lors de la commémoration du 11 septembre, tergiversant au moment où ce projet est dénoncé dans le monde entier comme une incitation à la violence.

«Nous pourrions être obligés de revoir notre position», a déclaré à la surprise générale le pasteur Terry Jones, quelques heures seulement après avoir annoncé qu'il renonçait à brûler le Coran.

Le pasteur, chef du groupe chrétien intégriste «Dove World Outreach Center» («Centre colombe pour aider le monde») de Gainesville, en Floride, avait alors expliqué avoir fait marche arrière en échange de la promesse que le projet de construction d'une mosquée près de Ground Zero à New York serait déplacé.

Cette annonce avait constitué un soulagement pour les autorités américaines qui redoutaient les conséquences, notamment pour les soldats américains en Afghanistan.

Signe de l'importance que l'administration Obama accorde à l'affaire: le chef du Pentagone Robert Gates a appelé jeudi après-midi le pasteur Jones pour le convaincre d'annuler ses plans.

Le pasteur, épaisse moustache et cheveux blancs, avait affirmé avoir obtenu l'assurance par un imam d'Orlando agissant en tant qu'intermédiaire, Mohammed Musri, que l'imam Faisal Abdul Rauf, à l'origine du projet de mosquée à Manhattan, était prêt à un accord et le rencontrerait samedi à New York pour en discuter.

Mais les responsables du projet de mosquée ont aussitôt démenti cette version et l'imam Rauf a rejeté tout «marchandage» avec le pasteur.

«Nous mettons les choses entre parenthèses pour l'instant, car nous sommes vraiment déçus et choqués, car si (la position de l'imam Rauf) est vraie, il (Musri) nous a clairement menti», a déclaré le pasteur après avoir eu connaissance de ce démenti.

«Nous pourrions être obligés de revoir notre décision, car nous avons annulé (l'autodafé) en nous appuyant sur sa parole. Et maintenant, je crois comprendre qu'il affirme partout qu'il n'a jamais dit cela», a déclaré le pasteur en parlant de Musri.

«Les Américains ne veulent pas voir de mosquée à cet endroit-là», avait dit le pasteur au cours de cette journée à rebondissements, dans laquelle est également intervenu le milliardaire américain Donald Trump, proche des républicains, qui a proposé de racheter le site du centre islamique de Manhattan, en payant 25% de plus que le prix initial, pour désamorcer une situation «explosive».

Le projet initial du groupuscule religieux était de brûler 200 exemplaires du Coran samedi, vers 18h, à Gainesville. Cette initiative était censée glorifier le souvenir des victimes des attentats du 11 septembre.

Elle survenait à un moment particulièrement sensible: les musulmans célèbrent autour du 10 septembre la fin du ramadan et les autorités aux États-Unis craignaient déjà avant cette polémique une montée du sentiment anti-musulman.

Ce projet a suscité des mises en garde partout dans le monde.

Il s'agit «un geste destructeur», a averti le président américain Barack Obama, soulignant qu'il constituait d'«une aubaine pour le recrutement d'Al-Qaïda».

L'organisation de coopération policière Interpol avait lancé une alerte à ses 188 pays membres, mettant en garde contre des «attaques violentes visant des innocents» si le projet était mené à terme.