Mauvaise nouvelle pour Barack Obama et les démocrates à sept semaines des élections de mi-mandat: le Bureau américain du recensement devrait révéler dans les prochains jours que le nombre de pauvres aux Etats-Unis a enregistré une hausse record en 2009, sur fond de récession économique.

Six démographes interrogés par l'Associated Press estiment que le nouveau taux de pauvreté devrait bondir de 13,3% à environ 15% -ils évoquent une fourchette entre 14,7% et 15%. Ce qui signifierait que les Etats-Unis comptaient l'an dernier quelque 45 millions de pauvres, soit un habitant sur sept.

Ce serait la plus forte hausse en un an depuis que les statistiques de la pauvreté ont commencé à être compilées par les autorités américaines en 1959. La précédente hausse record remonte à 1980 lorsque le taux a augmenté de 1,3% pour s'établir à 13%.

Selon les démographes interrogés, le taux de pauvreté chez les Américains en âge de travailler qui ont entre 18 et 64 ans devrait dépasser les 12,4%, contre 11,7% auparavant. Du jamais vu depuis au moins 1965, année où le président Lyndon Johnson avait déclaré la guerre à la pauvreté et développé l'action sociale du gouvernement fédéral.

Selon les démographes, le rapport du Bureau du recensement devrait également montrer qu'en 2009, le taux de pauvreté des enfants est passé de 19% à 20%, que les Noirs et les Hispaniques ont été beaucoup plus touchés proportionnellement, et que les zones urbaines où la pauvreté a le plus augmenté sont Modesto et Los Angeles (Californie), Detroit (Michigan), Cape Coral-Fort Myers (Floride) et Las Vegas (Nevada).

«Je pense que sur le plan politique, ces chiffres seront accueillis avec alarme et consternation mais ne déboucheront pas sur un appel à agir», estime William Galston, ex-conseiller de l'ancien président Bill Clinton. Et d'ajouter: «j'espère que les partis ne vont pas s'accuser mutuellement d'être responsables» de cette situation. «Ce serait une erreur à mon avis.»

Des munitions pour les républicains

Les chiffres de la pauvreté en 2009, première année de la présidence Obama, pourraient fournir des munitions aux républicains pour les élections de mi-mandat. De leur côté, les démocrates devraient expliquer qu'ils ne doivent pas en être tenus pour responsables. Ils pourraient rappeler que les problèmes économiques et la hausse de la pauvreté ont commencé sous la présidence de George W. Bush avec le quasi-effondrement du secteur financier à l'automne 2008.

Reste que les Hispaniques et les Noirs, qui votent traditionnellement démocrate, pourraient être tentés de bouder les urnes si le rapport du Bureau du recensement montrent effectivement qu'ils ont été largement touchés par la hausse de la pauvreté.

Lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche vendredi, Barack Obama a affirmé que «l'effort le plus important pour lutter contre la pauvreté est de faire croître l'économie et de s'assurer qu'il y a assez d'emplois». Mais, au-delà des élections de mi-mandat, les chiffres de 2009 pourraient mettre le président sous pression pour qu'il augmente les programmes d'aide sociale avant sa probable campagne pour la présidentielle de 2012.

La hausse de la pauvreté apparaît liée à celle du chômage, qui a enregistré en octobre 2009 une progression record en rythme annuel en atteignant 10,1%.

Un taux de pauvreté de 15% serait le plus élevé depuis 1993. Le record a été recensé en 1959 -année où le gouvernement a commencé à compiler les chiffres de la pauvreté- avec 22,4%, et le niveau le plus bas en 1973 à 11,1%. Depuis, le taux de pauvreté a fluctué entre 12% et 14%.

En 2008, le seuil de pauvreté était fixé à 22 025 dollars (environ 22 550$ CAN) pour une famille de quatre personnes. A partir de 2011, le gouvernement compte publier de nouvelles statistiques intégrant notamment le coût de la santé et des transports, qui devraient montrer que le nombre de pauvres est encore plus élevé que ne l'indiquent les chiffres actuels.