Michael Cicconetti terminera son mandat de six ans l'an prochain à la cour municipale de Painesville, à l'est de Cleveland. Il ne sait pas encore s'il aura un opposant qui forcera la tenue d'élections. Personne n'a osé se présenter contre lui les deux dernières fois.

Populaire, le juge Ciconnetti? Plutôt, oui. Ce juge de cette petite ville de seulement 17 000 habitants est une légende du coin. Ses sentences dites «créatives» lui ont valu une renommée nationale et l'admiration locale.

Au bar Billy's, le visage des clients s'éclaire dès que le nom du juge Michael Cicconetti est évoqué. «Tu te souviens de l'histoire du cochon?», lance Vincent Lanese. «Un jeune avait traité un policier de porc. Cicconetti l'a condamné à se tenir au coin de la rue avec un cochon et une pancarte qui disait: Ceci n'est pas un agent de police!» Le barman renchérit. «Et la fois où un gars qui avait volé de l'argent à l'Armée du Salut a dû passer 24 heures dans la rue comme sans-abri?»

Michael Cicconetti a aussi condamné des ados qui avaient crevé les pneus d'un autobus scolaire à organiser un pique-nique pour des enfants. Et envoyé un homme voir des corps à la morgue après qu'il eut été arrêté avec une arme chargée.

M. le juge a le sens de l'humour, c'est évident. Mais il jure ne pas l'exercer pour accroître sa popularité et gagner ses élections. «Parfois, j'en ai assez de voir les gens faire des bêtises. Les envoyer en prison ne changera rien. Alors, j'essaie de leur donner une leçon qu'ils n'oublieront pas.» Et ça marche, dit-il. «Il n'y a pas 5% de récidive.»

Même s'il paraît indélogeable, il doit quand même se préparer à la possibilité d'une élection. En janvier prochain, il tiendra ses premiers cocktails-bénéfice. Il grimace. La perspective de devoir amasser des fonds l'ennuie profondément.

«Mais je n'ai pas le choix. C'est ainsi que fonctionne le système.» Il en souligne tous les paradoxes, dont l'obligation de faire transiter les fonds par un comité électoral pour que le juge ne soit pas personnellement lié à ses donateurs. «Mais si vous venez à un événement organisé par mon comité et que je vous y rencontre, je me doute bien que vous avez contribué à ma campagne!»

Ancien président de l'American Judge Association, il croit que les juges devraient être nommés aux tribunaux supérieurs, «même si ça reste politique».

«Finalement, ce qui importe, c'est qui sont vos relations.»