Un ancien détenu de Guantanamo de nationalité syrienne, Abdulrahim al-Ginko, réclame un dédommagement financier aux États-Unis pour les «mauvais traitements» et «tortures» subis pendant plus de sept ans, une première depuis l'ouverture de la prison en 2002.

Dans une plainte déposée cette semaine devant le tribunal fédéral de Washington, Abdulrahim al-Ginko, 32 ans, rappelle qu'avant d'être accusé d'être un terroriste par les États-Unis, il avait été accusé d'être un espion américain par les talibans.

En l'innocentant en juin 2009, le juge fédéral Richard Leon, nommé par George W. Bush, avait critiqué l'administration, jugeant qu'en soutenant que M. al-Ginko (surnommé «Janko») devait rester enfermé, elle adoptait «une position qui défie le bon sens».

Dans sa plainte, Janko évoque «un cauchemar kafkaïen».

L'ancien détenu, qui a été libéré en octobre dans un pays européen, avait quitté les Emirats arabes Unis où il vivait avec sa famille pour l'Afghanistan fin 1999, avec la volonté d'y trouver un moyen d'immigrer en Europe. Arrêté en 2002 par les Talibans, il avait été maltraité et violemment torturé jusqu'à avouer être un espion américain dans une séquence vidéo.

C'est cette même séquence vidéo que l'armée américaine a ensuite pris comme base pour l'accuser d'être un membre d'Al-Qaïda et l'expédier à Guantanamo.

Sous l'effet des mauvais traitements et de l'absence de soins médicaux adéquats notamment pour un genou cassé lors d'un interrogatoire ou des calculs rénaux, l'homme a tenté 17 fois de se suicider, selon ses avocats.

Au bout du compte, l'ancien détenu a perdu «plusieurs doigts, l'usage de la main droite» et souffre de graves troubles mentaux et de sommeil, rappellent-ils. Il a «perdu 10 ans de sa vie avec un impact catastrophique dans sa capacité à gagner sa vie, il vit comme un exilé dans un pays dont il ne parle pas la langue».

Sans préciser aucun montant, il réclame aux États-Unis des indemnités compensatoires pour ses frais médicaux et l'argent non gagné pendant sa détention, ainsi qu'une «amende pour l'exemple» au titre du préjudice subi.

Son dossier a à nouveau été confié au même juge Leon.