Promulgation de la loi abrogeant le tabou homosexuel dans l'armée américaine. Ratification du traité de désarmement nucléaire START avec la Russie. Adoption d'un projet de loi visant à créer un fonds de 4,3 milliards de dollars pour les secouristes atteints de maladies liées aux attentats du 11 septembre 2001. Washington a connu mercredi une journée exceptionnellement chargée, que Barack Obama n'a pas manqué de célébrer à l'occasion d'une conférence de presse.

Avant d'aller rejoindre sa famille à Hawaii, où il passera les prochains jours, Barack Obama a tenu à faire un tour de piste en fin d'après-midi, mercredi, histoire de célébrer l'une des périodes les plus surprenantes et satisfaisantes de sa présidence.

«Nous ne sommes pas condamnés à un blocage sans fin», a déclaré le président en conférence de presse. Après le verdict cinglant des élections de mi-mandat, personne n'aurait pu prédire que les dernières semaines du 111e Congrès offriraient des victoires aussi importantes à un président prétendument affaibli: promulgation d'une loi historique qui permet aux homosexuels de servir ouvertement dans l'armée américaine; ratification par le Sénat du traité de désarmement nucléaire START avec la Russie; adoption à l'unanimité d'un projet de loi visant à créer un fonds de 4,3 milliards de dollars pour les sauveteurs (policiers, pompiers et secouristes) atteints de maladies liées aux attentats du 11 septembre 2001.

Le président a salué l'esprit bipartite qui a permis au Congrès de connaître selon lui «la période postélectorale la plus productive depuis des dizaines d'années».

«Beaucoup de gens dans cette ville avaient prédit que, après les élections de mi-mandat, Washington irait vers plus de clivages partisans et plus de blocage. Pourtant, cela a été une période de progrès pour les Américains», a-t-il dit.

Start: une victoire majeure

Illustration de cet esprit bipartite, le Sénat a ratifié par 71 voix contre 26 le nouveau traité START et donné au président une victoire majeure en matière de politique étrangère. L'accord signé en avril par les présidents américain et russe limite à 1550 le nombre de têtes nucléaires que peut déployer chacun des deux pays, une réduction de 30% par rapport au quota établi en 2002. Il prévoit en outre un mécanisme de vérification et d'inspection garantissant que les deux camps respectent le traité.

Par ailleurs, samedi, huit sénateurs républicains s'étaient joints à la majorité démocrate pour abroger la loi qui obligeait les militaires homosexuels à taire leur orientation sexuelle sous peine d'être renvoyés de l'armée.

«Des dizaines de milliers d'Américains en uniforme ne seront plus contraints de vivre dans le mensonge ou de se tenir sur leurs gardes pour servir le pays qu'ils aiment», a déclaré le Barack Obama avant d'apposer sa signature au bas du texte de loi, concrétisant une de ses principales promesses.

Déception de taille

Malgré l'abolition du tabou gai, la ratification du traité START et la promulgation la semaine dernière d'une loi fiscale issue d'un accord de compromis, le président a admis une déception de taille, mercredi. Il a déploré le refus du Sénat d'adopter samedi un projet de loi visant à faciliter l'intégration des jeunes immigrés entrés illégalement aux États-Unis avec leurs parents s'ils acceptent de faire des études supérieures ou d'entrer dans l'armée.

Au retour de la période des Fêtes, Barack Obama fera face à une Chambre des représentants à majorité républicaine et à un Sénat où la majorité démocrate aura été réduite de sept sièges. Ses victoires, s'il y en a, risquent d'être plus ardues que celles des dernières semaines