La représentante démocrate Gabrielle Giffords, de l'Arizona, a été atteinte d'une balle dans la tête, samedi, par un tireur qui a ouvert le feu lors d'une réunion politique à l'extérieur d'une épicerie de Tucson, tuant six personnes et en blessant une douzaine d'autres.

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Lors d'une conférence de presse tenue samedi soir, Clarence Dupnik, shérif du comté de Pina, a indiqué que Mme Giffords avait vraisemblablement été la cible de cet attentat, perpétré par un «individu dérangé mentalement», selon la description de M. Dupnik. Ce dernier a ajouté que le suspect pourrait avoir eu un complice, et qu'un deuxième individu était recherché. Selon M. Dupnik, l'attaque a pris fin lorsque deux personnes ont sauté sur le suspect pour le maîtriser.

La liste des victimes inclut une fillette âgée de neuf ans, un juge fédéral, John Roll, et une membre du personnel du bureau de Mme Giffords. M. Roll avait célébré la messe de samedi matin, comme il le fait chaque semaine, avant d'aller saluer Mme Giffords, l'une de ses bonnes amies.

Lors d'une autre conférence de presse, tenue plus tôt samedi, les autorités de l'hôpital où a été transportée Mme Giffords se disaient optimistes quant aux chances de survie de la politicienne, car elle répondait bien aux directives des médecins.

Colis supsect

Le supect principal dans cet affaire serait Jared Loughner, un homme âgé de 22 ans. Les autorités policières ont précisé qu'il était détenu, mais n'ont pas dit quels avaient pu être ses motifs.

Par ailleurs, un fort bruit a secoué la quiétude d'une centaine de personnes prenant part à une vigile, samedi soir, devant les quartiers généraux de Mme Giffords, où les autorités policières avaient lancé une enquête en lien avec un colis suspect, quelques heures après l'attentat.

Le lieutenant Fabian Pacheco, porte-parole du Service de police de Tucson, a précisé qu'un agent surveillant le bureau de Mme Giffords a découvert un dispositif fort étrange, ressemblant à un pot de café et sur lequel se trouvait une note dont le contenu n'a pas été dévoilé.

Une équipe de neutralisation des engins explosifs tentait de s'assurer que le dispositif était sans danger lorsque le bruit a été entendu. Les autorités n'ont pas précisé si le bruit avait été causé par l'explosion du contenu du dispositif ou par les efforts de l'équipe de neutralisation.

«Ce fut une journée horrible et tragique, a reconnu le lieutenant Pacheco. La prudence recommande de prendre chaque menace au sérieux.»

«Une tragédie indescriptible pour les États-Unis»

Le drame a totalement secoué l'Amérique et ses citoyens, qui se demandaient si des divergences politiques avaient poussé le suspect à commettre l'irréparable.

Le président Barack Obama a publié un communiqué dans lequel il parle d'une «tragédie indescriptible». Il a répété ses mots plus tard lors d'une conférence de presse, affirmant qu'il s'agissait d'une «tragédie pour les familles des victimes, pour l'Arizona et tous les États-Unis.»

Le nouveau président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, s'est dit horrifié par «l'attaque insensée contre la représentante Gabrielle Giffords et des membres de son équipe».

Il a ajouté qu'un tel acte était une attaque contre tous ceux occupant un poste politique, et que de telles manifestations de violence n'avaient pas leur place dans notre société.

Durant sa conférence de presse, M. Dupnik a déploré le «discours haineux qui se répand dans le pays», et affirmé que l'État de l'Arizona était devenu la «capitale du sectarisme et du préjudice».

Âgée de 40 ans, Gabrielle Giffords a été réélue pour un troisième mandat en novembre dernier. Elle était une membre de l'Assemblée législative de l'Arizona et du Sénat de cet État avant de se rendre à Washington.

Mme Giffords a été élue au Congrès dans la foulée d'une série de victoires démocrates lors des élections de mi-mandat de 2006. La politicienne a remporté une bataille serrée contre un candidat favori du Tea Party lors du scrutin de 2010.

Cette fusillade survient dans un climat politique chargé, au sein duquel plusieurs politiciens ont reçu des menaces, mais rien n'ayant atteint le stade actuel de la violence.

Un habitant de San Francisco, frustré par l'appui de l'ancienne présidente de la Chambre Nancy Pelosi envers la réforme de la santé, a plaidé coupable d'avoir menacé la politicienne démocrate et sa famille, l'appelant directement le 25 mars dernier et menaçant de détruire sa maison de Caroline du Nord si elle votait en faveur de la réforme.

En juillet, un Californien connu pour sa colère envers les politiques tendant vers la gauche a été impliqué dans une fusillade avec des policiers de la route après avoir planifié une attaque contre l'ACLU et un autre organisme à but non lucratif. L'homme avait dit vouloir «lancer une révolution» en tuant des gens à l'ACLU et à la fondation Tides.

Mme Giffords elle-même s'est attirée l'ire de la droite, spécialement en raison de son appui à la loi sur la santé.

Son bureau de Tucson a été vandalisé quelques heures après que la Chambre eut voté pour approuver la loi sur la santé en mars, quelqu'un ayant fracassé une porte vitrée et une fenêtre.

À la suite des événements survenus samedi, la Chambre des représentants a reporté à une date ultérieure le vote, prévu pour mercredi, visant à annuler la récente loi sur la réforme de la santé.

Eric Cantor, le numéro deux du Parti républicain à la Chambre, a fait savoir que ce vote était repoussé «afin de poser les gestes qui s'imposent à la suite du drame survenu samedi».

Photo: AP

La représentante démocrate Gabrielle Giffords