Des banques américaines ont décidé de fermer les comptes d'ambassades étrangères présentes aux États-Unis, une mesure qui a conduit un haut responsable du département d'État américain à tenter jeudi d'apaiser la colère de pays membres des Nations unies.

La banque JP Morgan Chase a envoyé une lettre aux ambassadeurs présents aux États-Unis le 30 septembre les avertissant que tous les comptes diplomatiques seraient fermés au 31 mars.

Jeudi, le sous-secrétaire d'État américain Patrick Kennedy a rencontré les représentants de plus de 150 pays au siège de l'ONU pour répondre aux interrogations entourant cette décision.

Aucune banque n'a évoqué publiquement la fermeture de ces comptes, mais des diplomates estiment que la cause en est le coût du suivi de l'origine des fonds arrivant aux États-Unis dans le cadre de la traque des activités terroristes.

M. Kennedy a déclaré au Washington Post que le département d'État tentait de persuader les banques qui ont mis un terme à leurs services diplomatiques de revoir leur décision et de convaincre d'autres banques d'accepter ces comptes.

Des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU comme la France et la Chine ont reçu pour consigne de chercher une nouvelle banque.

Les grandes puissances ont indiqué qu'elles espéraient trouver d'autres banques mais des dizaines de pays africains ont déjà des problèmes, ont indiqué des diplomates. Les comptes sont nécessaires pour payer les salaires des employés et les factures.

Pour les grands pays du Conseil de sécurité, les factures annuelles s'élèvent à des dizaines de millions de dollars par an.

La JP Morgan Chase, qui a une forte clientèle diplomatique puisqu'elle dispose d'une succursale au siège de l'ONU, est pour le moment la seule banque qui a annoncé la fermeture de tous les comptes des ambassades.

Mais la Bank of America a clôturé cinq comptes tenus par l'ambassade d'Angola et plusieurs autres banques ont indiqué aux autorités américaines qu'elles avaient l'intention de clore toutes leurs transactions avec les ambassades, a indiqué le Washington Post.

Robert Rowe, vice-président de l'Association des banquiers américains, a estimé que la faute devait être imputée aux exigences de Washington visant à réprimer la corruption et les autres activités criminelles.

«Les exigences des inspecteurs (du gouvernement) sont particulièrement élevées» sur l'argent qui arrive aux États-Unis, a dit M. Rowe à l'AFP. «En particulier quand il s'agit de missions étrangères».

«Les inspections sont très minutieuses maintenant», a-t-il dit. «Cela devient très dur pour les banques de dire qui sont les bons et qui sont les méchants».